Enseignement agricole en France de sa naissance à 1914 – L’éducation aujourd’hui et hier – Encyclopédié étudiante

Enseignement agricole en France de sa naissance à 1914


Enseignement agricole en France de sa naissance à 1914

Pendant longtemps, l’apprentissage de l’agriculture, s’est borné à la reproduction du modèle existant. Cependant les crises agricoles qui se succèdent au XVIIe et au XVIIIe siècles amènent les physiocrates, à réfléchir sur les moyens d’améliorer l’agriculture et ses rendements. Leurs réflexions débouchent sur la nécessité d’une amélioration de la connaissance, et la divulgation des nouvelles techniques.

Avant 1848

Sous la Monarchie

Les première initiatives sont prises sous l’influences des agronomes physiocrates à la fin du XVIIIe siècle. En 1762, Goyon propose de créer des écoles agricoles pour retenir les fils de paysans sur leur terroir. Des idées mais peu de réalisations.

A cette époque, Moreau de la Rochette fonde un institut horticole destiné aux orphelins parisiens, mais l’établissement ferme définitivement ses portes en 1780.

Arrêt de 1764 concernant l'école vétérinaire de Lyon

Arrêt de 1764 concernant l’école vétérinaire de Lyon

D’autres expériences, comme celles de Panelier, à Compiègne, ne dureront que quelques années; Claude Bourgelat, soutenu par le Contrôleur général des Finances Bertin Lien vers un homonyme?, va créer l’Ecole vétérinaire de Lyon (1761). Afin de pérenniser cette initiative, et inquiet d’éventuelles difficultés financières, il obtient du Roi, le statut d’Ecole Royale en 1764. En 1765, il crée un établissement similaire à Alfort. l’Ecole vétérinaire de Lyon, est la plus ancienne au monde. Rapidement, le mouvement s’étendra à l’Europe.

Sous la Révolution

Sous la Révolution deux tendances se manifestent: D’abord, intégrer un enseignement de l’agriculture dans l’enseignement général; C’est l’idée que défend Condorcet dans le plan qu’il soumet à l’Assemblée Législative en avril 1792. Au sein de l’Ecole Normale (décret du 9 brumaire an III, il est prévu un cours d’agriculture, mais ils ne seront pas mis en place. La deuxième idée, c’est de créer un véritable enseignement agricole. L’abbé Rozier, tente avec l’appui de François de Neufchâteau, de faire créer une école nationale d’agriculture à Chambord Lien vers un homonyme?.

François de Neufchâteau

François de Neufchâteau

Suite à une demande du département de l’Isère, Grégoire propose à la Convention le 4 octobre 93 d’instituer dans chaque département « une maison d’économie rurale qui sera consacrée aux expériences propres à accélérer les progrès de l’agriculture ». Ces projets n’aboutissent pas. Par contre, les écoles vétérinaires sont maintenues et réformées par le décret du 29 germinal an III.

Sous le 1er Empire

François de Neufchâteau reprend un projet présenté par l’abbé Rozier quelques années auparavant. Le 11 brumaire an X (2 novembre 1801). Il échoue à nouveau. Seules réalisations, ce sont la création par André Thouin, au sein du [Museum d’histoire naturelle, entre 1800 et 1806, d’une école d’arboriculture, d’une école d’horticulture et d’une école d’agriculture pratique qui connaissent un succès substantiel. André Thouin préconise le développement d’un enseignement agricole de masse, avec un système basé sur trois niveaux

  • Un enseignement pratique dès l’enfance pour les enfants de d’ouvriers agricole et de petits cultivateurs
  • Pour les propriétaires et fermiers de domaines moyen un enseignement théorique basé sur des livres de pratique.
  • Les grands propriétaires, eux devraient étudier des livres théoriques ayant pour sujets, la physiologie végétale, la chimie et la physique.

L’idée d’un enseignement ayant trois niveaux,sera reprise dans le décret du 3 octobre 1848.

1815-1848: un nouvel élan

C’est à Roville, en Lorraine, que Mathieu de Dombasle va créer une ferme-école en 1822. Son projet remonte à 1818. Le but est de diffuser les bonnes pratiques. Le matin l’enseignement, est consacré à la pratique, et l’après midi à la théorie (botanique, agriculture, minéralogie, art vétérinaire, comptabilité). Il adjoint à son école une fabrique d’instruments agricoles. Le public présent, est essentiellement composé de fils de grands propriétaires, ou de jeune gens qui vont diriger de grands domaines.Cette école est financée sur des fonds privés.

C’est après une visite à Roville que Polonceau, et Bella, décide de créer en 1827, une école de même type, l’Institution royale agronomique de Grignon, en région parisienne. En 1830, à côté de Nantes est crée l’école de Grand-Jouan (Loire-Atlantique), dont la direction est confiée, à Jules Rieffel, disciple de Mathieu de Dombasle.

Statue de Mathieu de Dombasle à Roville

Statue de Mathieu de Dombasle à Roville

Parallèlement à ces initiatives privées, l’Etat lance une Ecole des haras, en 1823, L’Ecole royale des eaux et forêts de Nancy en 1824, et l’Ecole vétérinaire de Toulouse en 1825.

Si l’Ecole des Haras ne vécut que peu de temps, l’Ecole royale des eaux et forêts, s’appuyant sur une administration remontant à Colbert, se met en place et se développe rapidement.

A partir de 1830, le Conseil supérieur de l’Agriculture est le lieu privilégié d’une politique d’enseignement agricole. On y préconise la création d’un ministère de l’agriculture, la création de fermes-écoles dans chaque département, d’une école normale d’agriculture…Si ces projets ne sont pas pas acceptés par le ministère de tutelle de l’époque (Ministère du Commerce et des Travaux publics) qui préfère soutenir le développement des comices des sociétés locales d’agriculture, ces travaux seront à la bases des réalisations de l’enseignement agricole au cours du siècle.

Ce conseil développe aussi une politique de subvention, d’encouragements, auprès des particuliers et des départements. Les instituts agricoles de Roville, Grignon Lien vers un homonyme?, Grand-Jouan , et la Saulsaie ( Montluel Ain, crée en 1840) sont subventionnés. Des postes de professeurs d’agriculture sont crées dans certaines villes et départements. La première est à Bordeau en 1837. En 1845, le ministère, devenu Ministère du Commerce, de l’Agriculture et des Travaux publics, subventionne des chaires à Lyon, Rodez, Toulouse, Nantes, Quimper et Rouen. Le Ministère subventionne également, la création de ferme-écoles, dont l’enseignement est plus tourné vers la pratique que dans les instituts. En 1845, il y en a dix en France ,dans l’Aube, les Bouches-du-Rhône, la Dordogne, l’Ille-et-Vilaine, la Meurthe, la Saône-et-Loire, le Morbihan, la Loire, la Charente et la Mayenne. Ce sont des institutions privées, dont le sort est lié au financement de l’Etat.

Les projets de 1845-46

Une commission du Conseil général d’agriculture, présidée par Tourret, est chargée d’étudier une organisation générale de l’enseignement agricole, et un plan d’enseignement. Après avoir un état de la situation, cette commission propose la création d’un établissement à caractère scientifique en région parisienne. Pour l’enseignement, il recommande deux types d’établissements:

-Cinq instituts agricoles, en s’appuyant sur les trois existants (Grignon; Grand-Jouan, La Saulsaie) et en en créant un dans le Midi, destinés aux cultures méditerranéennes, et un dans le centre spécialisé dans l’élevage. Ces établissements auraient à formé les propriétaires, les fermiers importants et les enseignants des fermes-écoles.

Institut de  La Saulsaie, Montluel

Institut de La Saulsaie, Montluel

-Des fermes écoles dont le but seraient de formé des techniciens, « des bras intelligents »; Ce rapport propose aussi d’enseigner des notions d’agriculture, dans les écoles normales. Un autre rapport, en 1846 préconise la création de trois niveaux d’enseignement. Tout en haut un institut national agronomique, équivalent d’une faculté, une vingtaine d’écoles régionales, et une ferme-école dans chaque département. Avec la circulaire du 23/7/1847, une part de ces propositions, entre en application. On y parle de la création de fermes-écoles, dont l’enseignement est gratuit, et dont le corps professoral est payé par l’Etat. Elle entraîne l’ouverture de 18 fermes-écoles. le ministre de l’Instruction publique, tente sans succès, notamment dans une lettre du 1/11/1847, de revendiquer la tutelle, ou au moins un droit de regard sur l’enseignement, arguant qu’une part de l’enseignement (mathématiques, géométrie, chimie) relevait de son département.

1848-1870

Avant de revenir sur le décret en lui même, il faut s’intéresser au contexte; Depuis 1845, la crise agricole est sévère, la production de céréales panifiables entre 1844, et 1846, idem pour la pomme de terre. Ceci a entraîné une très forte hausse des cours. Une des solutions pour limiter le risque de ces crises, c’est la modernisation de l’agriculture française, l’évolution vers une une culture scientifique, d’où la nécessité d’agriculteurs formés aux techniques les plus modernes.

Le décret du 3 octobre 1848

En 1848, 27 fermes-écoles accueille environ 360 élèves et les instituts en activité 80. C’est peu. Ce décret reprend les principaux éléments des projets de 1846-1847, auquel le ministre de l’Agriculture et du Commerce Tourret avait participé en tant que membre du Conseil Général de L’Agriculture: Il met en place:

-des fermes écoles départementales. Elle est établie sur une terre privé dont le directeur, est le propriétaire ou le fermier. Les frais d’enseignement sont pris en charge par l’Etat, qui nomme également le directeur. Une commission sera chargée de contrôler, les admissions et les examens.

-des écoles régionales. Ici l’enseignement sera payant, mais des bourses seront réservées aux meilleurs élèves des fermes-écoles.

Ferme école de Paillerols, fondée en 1848

Ferme école de Paillerols, fondée en 1848

-L’Institut national agronomique, formera des ingénieurs et des professeurs. C’est aussi un établissement de recherche et d’expérimentation qui s’appuiera sur une exploitation agricole abordant tous les sujets (forêt, horticulture, animaux, jardin….). Cet institut sera installé à Versailles, ou il bénéficiera de l’ancien Potager du Roi et de pépinières. Les études y seront de deux ans, et les meilleurs élèves des écoles régionales bénéficieront de bourses.

Quelques rares députés sont opposés au projet, car rien n’est fait pour l’instruction de masse des agriculteurs. Certains préconisent comme Delois, préconisent l’organisation de cours du soir pour l’enfant travailler aux champs en journée et puis parce que selon lui l’agriculture s’apprend auprès du père; »L’enfant , messieurs, c’est dans les champs qu’il apprend l’agriculture, avec son père, en conduisant les chevaux ». D’autres demandent que l’on initie les enfants des écoles primaires, que l’on organise aussi un enseignement agricole féminin. Tocqueville demande que l’on crée pour les collèges des cours théoriques et pratiques au chef lieu d’arrondissement. Le décret est adopté par l’assemblée par 579 oui sur 679 votants. A la fin de l’année 49, il y a 68 fermes écoles, pour 855 élèves. Les instituts de Grand-Jouan, La Saulsaie, et Grignon, sont transformés en écoles régionales. une quatrième, qui fermera en 1852 est crée dans le Cantal. Le 20 novembre 1850, l’Institut national agronomique ouvre ses portes à Versailles ou l’école est installées dans les écuries à proximité du Potager du Roi, et de trois fermes qui constitue son domaine. L’enseignement sera théorique et expérimental. 47 élèves, ayant passé un examen d’admission sont reçus, et 159 auditeurs libres viennent assister aux cours.

Parallèlement à ces institutions, une dizaine de chaires de professeurs d’agricultures et des colonies (orphelinats) agricoles subsistent.

Sous le Second Empire

l’impulsion donnée va être freinée. Pour des raisons économiques et politiques, le nouveau pouvoir va privilégier l’enseignement de l’agriculture, dans le cadre de l’enseignement général. L’idée était déjà présente en 1849. Une commission regroupant des représentants du ministère de l’Agriculture et du Commerce, et du ministère de l’Instruction publique avait préconisé le remplacement de certaines heures de cours par des travaux agricoles. Cette idée sera soutenue par Louis-Napoléon.et vingt instituteurs seront chargé d’expérimenter celà. Le succès est très relatif comme le montre le bilan fait en 1853. En 1856, toutes les écoles normales, ou l’on forme les instituteurs, ont un enseignement théorique de l’agriculture, huit seulement un enseignement pratique. pour celà, souvent, elles ont du recruter des intervenants extérieurs comme le directeur du jardin botanique à Evreux par exemple. Paul Cère, chargé d’une mission par le ministère de l’Instruction publique, propose plusieurs mesures:

– Enseignement agricole et horticole réparti durant les trois années de formation à l’école normale.

– Création d’une enseignement théorique agricole dans chaque école normale.

– Enseignement pratique par des visites d’exploitations

– Annexion d’un jardin à l’école

– Distribution importante de graines aux élèves sortant de l’école.

Une commission en 1867, reprend ses conclusions et précise que l’enseignement agricole doit avoir deux branches:

– Un enseignement professionnel, dans des instituts, colonies ou pénitenciers agricoles.

– Un enseignement agricole classique, au sein de l’enseignement primaire et secondaire, dépendant du ministère de l’instruction publique.

Conséquence, le ministre Duruy reprend les conclusions de ces rapports et instaure un poste de professeur d’agriculture dans chaque département. Ce professeur payé par l’Etat, sera chargé des cours en ecole normale, en collège, en école primaire, et donner des conférences. Un enseignement supérieur est également mis en place au sein du ministère de l’Instruction publique, au Museum d’histoire naturelle. C’est un échec

Pendant ce temps là l’enseignement professionnel périclite. Les financements sont réduits. En 1866, on ne compte plus que 48 fermes-écoles, et les écoles régionales doivent restreindre le nombre de répétiteurs. A partir de 1870, ces écoles peuvent délivrer le diplôme d’ingénieur agricole. Cette même année on décide du transfert de l’école de la Saulsaie, à Montpellier.


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