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Instruction à la maison

Instruction à la maison

Le terme école à la maison désigne une forme d’éducation, généralement dispensée par les parents à leurs enfants, en dehors du contexte scolaire traditionnel. Ce mouvement a pris une importance notable dans les pays anglo-saxons (Royaume-Uni, États-Unis) à partir de la fin des années 1980.

Lecture en famille

Lecture en famille

Définition

Ce terme est difficile à définir car il englobe plusieurs philosophies et pratiques très variées. Il y a également d’autres termes (souvent anglophones) avec des connotations légèrement différentes : homeschooling, unschooling, non-scolarisation (non-sco) ou encore dé-scolarisation (dé-sco) et parfois en zone francophone le très contesté vocable : « instruction en famille ».

On retrouve dans les lois aussi bien françaises que belges la notion d’obligation « scolaire » alors que dans les faits il s’agit d’une obligation « d’instruction » ; elle-même fréquemment et radicalement contestée par de nombreux mouvements défendant la « cause des enfants » au sens que lui donnait Christiane Rochefort.

Au Québec on préfère amplement le terme éducation, parce qu’instruction semble chargé de connotations trop impératives, et seulement factuelles ou opératoires. Favoriser éducation indiquerait donc une approche plus holistique, qui est souvent la motivation initiale des parents.

Toutefois, on peut considèrer que instruire signifie « transmettre des connaissances et des compétences » et s’instruire « acquérir des connaissances et des compétences », et que éducation signifie aussi bien transmettre qu’acquérir « des valeurs morales et sociétales ». Cette nuance permet de parfois mieux comprendre les motivations de certains parents qui choisissent l’IEF.

Motivations

Certains parents n’envoient pas leurs enfants à l’école et font le choix de prendre en charge eux-mêmes l’instruction de leurs enfants, la confier à des professeurs privés, religieux, etc. ou/et encore de les laisser simplement s’épanouir à leur rythme.

La raison d’être du choix de prendre en charge l’instruction de son enfant, ou de le laisser librement « découvrir », varie selon les familles ; pour certaines ce sont des raisons pédagogiques, pour d’autres religieuses ou philosophiques, pour d’autres encore c’est une solution qui leur est apparue comme nécessaire voire salvatrice suite à des problèmes particuliers de leurs enfants (problèmes de santé, problèmes scolaires, financiers, géographiques, etc.) et pour d’autres encore, ce choix s’est présenté à eux comme un prolongement du plaisir qu’ils avaient déjà de vivre avec leurs enfants et le désir de continuer à prendre en charge l’éducation ou simplement accompagner, l’évolution, l’instruction, le développement de ces derniers. Enfin, une raison importante du choix de cette forme d’éducation est souvent une méfiance par rapport au système d’éducation institutionnel.

Une enquête réalisée dans le cadre du recensement américain donne un aperçu des motivations des parents choisissant de ne pas envoyer leurs enfants à l’école dans ce pays[1]. Les upériorité de l’éducation à la maison pour 50,8 % des parents ;

  • motivations religieuses pour 33,0 % ;
  • mauvaise qualité de l’environnement scolaire pour 29,8 % ;
  • objection au contenu des programmes scolaires pour 14,4 % ;
  • niveau insuffisant de l’enseignement scolaire pour 11,5 %.

En France, la principale motivation semble être « politique » et psychologique : respecter la liberté et l’épanouissement des enfants, privilégier une véritable vie « sociale », plus autonome et libre. (Cf études et entretiens 1997, 2001…). Mais il s’agit du pays de Catherine Baker et de Christiane Rochefort.

Débats

Avantages et difficultés

Jolyn Whitaker[2] résume les avantages et difficultés auxquels sont confrontés les parents qui choisissent l’école à la maison. Les principaux avantages sont le temps passé avec les enfants, le contrôle de ce que l’enfant apprend, une plus grande implication dans la transmission de valeurs, la protection de l’enfant vis-à-vis de situations sociales négatives. Elle cite également le plaisir des parents à s’impliquer en commun dans l’éducation de leurs enfants. En outre, l’école à la maison permet aux parents de s’occuper individuellement de l’enfant et leur permet d’adapter l’apprentissage à son rythme et à ses difficultés. La possibilité d’une pédagogie différenciée est également l’un des principaux arguments avancés par Catherine Baker, une des références francophones du mouvement pour la déscolarisation.

Les principales difficultés mentionnées par Whitaker sont le coût[3], la motivation de l’enfant, la nécessité de défendre le choix de l’école à la maison vis-à-vis de son enfant et des autres, l’effort nécessaire pour s’assurer que l’enfant a l’occasion de rencontrer d’autres enfants de son âge et la peur des parents d’être incapables de couvrir l’ensemble des programmes scolaires.

Socialisation

Une crainte fréquente – crainte plus fréquente au sein du grand public que chez les parents qui pratiquent l’éducation à la maison – serait l’isolement potentiel subie par les enfants privés des contacts avec d’autres enfants scolarisés. Les associations de promotion de l’école à la maison évoquent toutes le sujet sur leurs sites Internet. Beaucoup de parents fuient précisément cette « socialisation » faite de conformisme, de pression sociale exercée par les autres enfants scolarisés, de brimades et de mauvaises influences[4].

Pour la plupart des partisans de l’école à la maison, leur choix améliore en fait le développement social de leurs enfants. En effet, pour ceux-ci, les années passées dans un établissement sont les seules durant lesquelles les écoliers seront séparés artificiellement en groupes cloisonnés de même âge (par efficacité économique et non souci de qualité). Ces partisans affirment que les enfants éduqués à la maison vivent une socialisation plus saine et plus naturelle, car ils interagissent plus avec des personnes de tout âge. Ceci conduit à une influence accrue des adultes et une moindre de la part des autres enfants, ce qui produit de jeunes citoyens plus mûrs.

Aux États-Unis et au Royaume-Uni, un certain nombre d’études, souvent financées par des organisations de promotion de l’école à la maison, tentent d’évaluer les conséquences de la scolarisation à la maison sur la « sociabilité » des enfants. Les résultats sont en général extrêmement positifs (études de Larry Shynes & alt.)[5].

Certains auteurs, comme Robert Epstein, ex-rédacteur en chef de Psychology Today, considèrent que le prolongement de la scolarisation obligatoire et le fait de « parquer » les adolescents entre eux les infantilisent, alors que l’enseignement personnalisé en contact plus rapproché avec des adultes, comme l’instruction à la maison, permet une maturation plus rapide et d’éviter la crise de l’adolescence. Crise qui est en grande partie une conséquence de cette longue scolarité obligatoire pendant laquelle les adolescents sont traités comme des enfants et n’ont comme modèles et compagnons que d’autres adolescents.[6]

Études supérieures

Enfin, les critiques portent sur les difficultés d’adaptation au système scolaire dans les études supérieures.

Toujours selon les défenseurs du système, il n’en est rien dans les faits. Ils citent, à l’appui de cette thèse une étude française sur les familles non scolarisées menée par Jennifer Fandard, selon laquelle la meilleure disponibilité en temps permet d’élargir les contacts, facilite l’adaptation à toute sorte de milieux et situations y compris les situations universitaires.

En Amérique du Nord, plus particulièrement anglophone, de nombreux établissements d’enseignement supérieur (y compris Harvard) accueillent des élèves ayant été éduqué à la maison. Universités « sympathiques » envers les enfants éduqués à la maison. Selon Inge Cannon, directeur général d’Education Plus : « Un grand nombre de ces établissements recherchent particulièrement cette clientèle en raison de sa maturité, de sa capacité de réflexion personnelle, de sa créativité et de sa solide formation scolaire.»

Situation légale

En Europe, les possibilités de l’instruction en famille sont différentes d’un pays à l’autre.

En Allemagne, les enfants sont obligés d’aller dans une école, car la scolarité y est obligatoire (nombre de Länder tolèrent cependant l’école à la maison). Il s’agit d’une loi passée sous le régime nazi « Schulpflicht » et qui ne fut qu’amendée en 1945 sans profiter de ces amendements pour autoriser l’enseignement à la maison en préconisant simplement une « Bildungpflicht » (devoir d’enseignement). Ces dernières années, on a vu plusieurs parents mis à l’amende et même emprisonnés pour avoir refusé d’envoyer leurs enfants à une école publique dont ils trouvent les enseignements incompatibles avec leurs principes religieux. Baptisten nehmen Kinder aus der Grundschule Les griefs les plus fréquents de ces parents concernent l’éducation sexuelle précoce de leurs enfants (dès le primaire) et du non-respect du fait religieux sous le couvert d’une neutralité laïque qu’ils considèrent athée et militante.

Toutefois, dans d’autres pays comme l’Angleterre, l’Irlande, la France, l’Italie, la Suisse ou le Danemark la liberté d’instruction existe dans la loi et les parents peuvent donc choisir d’instruire eux-mêmes leurs enfants. Cependant, dans ces pays, les gouvernements tentent parfois d’instaurer des contrôles.

À part en Allemagne où — comme on l’a vu — la scolarité des enfants doit se faire obligatoirement dans un établissement scolaire et où des familles se battent pour obtenir la liberté d’instruire leurs enfants, payent des amendes et vont même en prison parce qu’elles ne veulent pas mettre leurs enfants à l’école, les autres pays européens tolèrent plus ou moins l’instruction parentale, soit parce que cette possibilité n’est pas prise en considération dans la loi comme en Espagne, soit parce qu’ils l’acceptent sous certaines conditions : par exemple, revenu et diplôme d’un des parents en Italie, et souvent en imposant un contrôle des connaissances ou des apprentissages.

Parfois ces contrôles sont en rapport avec les programmes nationaux, comme en Belgique ou en Autriche, où les enfants sont soumis à un examen scolaire national, souvent ils laissent une liberté pédagogique aux parents comme en France, en Italie, ou encore au Danemark où les parents peuvent même choisir leur inspecteur.

Dans la plupart des cantons suisses, l’instruction est obligatoire sans précision de lieu. Ceci permet aux familles d’assurer la scolarisation de leurs enfants à domicile si elles le souhaitent; elles doivent cependant se plier aux contrôles d’inspecteurs scolaires habilités à vérifier que l’instruction obligatoire est effectivement assurée.

Aux Pays-Bas, l’instruction parentale est soumise à autorisation et est permise si les parents avancent des raisons religieuses ou des choix éducatifs ; les choix pédagogiques n’étant pas pris en considération. En France par contre, la mise en avant de choix religieux risque fortement d’assimiler la famille à une fréquentation sectaire, ce qui peut générer des complications.

De manière générale, dans la plupart des pays, les lois ne sont pas très définies par rapport à l’instruction parentale et bien souvent, un vide juridique permet à chacun (les familles et les autorités) de faire selon ses convictions, les États tendent à renforcer les contrôles même si la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ainsi que la Convention Européenne de Droits de l’Homme (P1-2) et la Charte Européenne affirment clairement le droit des parents de choisir le type d’éducation à donner à leurs enfants.

France

La loi Jules Ferry instituant l’instruction obligatoire précise « L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix. » (Actuellement article L131-2 du code de l’éducation). C’est sur cette base légale que depuis 1882 quelques milliers de familles ont continué d’assurer directement l’instruction de leurs enfants.

L’obligation scolaire en France a été renforcée en 1998 dans une loi d’exception visant les organisations sectaires. Le Bulletin Officiel (revue interne de l’administration de l’éducation) du 20 mai 1999 [2] précise que « Sans remettre en cause l’instruction dans la famille qui peut répondre à des situations sociales, familiales ou médicales particulières, la loi affirme, pour la première fois, la priorité donnée à l’instruction dans les établissements d’enseignement. » Ségolène Royal ajoute en préambule à sa circulaire : « Chaque année, plusieurs milliers d’enfants échappent à l’École de la République. Trop souvent, ces enfants sont maintenus dans un état d’inculture, d’ignorance, ou pire encore, embrigadés, aliénés, maltraités. » La loi rend obligatoire un contrôle annuel de l’enseignement pendant toute la durée de la période d’instruction obligatoire : de 6 à 16 ans. Sous peine d’une amende de 1500 €, les parents ont l’obligation de déclarer, à chaque rentrée scolaire ou dans les huit jours en cas de changement de mode d’instruction, au maire de leur commune de résidence qu’ils assureront l’instruction dans la famille. La déclaration simultanée à l’inspecteur d’Académie est également obligatoire.

La MIVILUDES précisera dans son rapport 2003 : « Le ministre de l’éducation nationale a donc chargé l’ensemble des inspecteurs d’académie, directeurs de services départementaux de l’éducation nationale de veiller à la réalité de “l’instruction dans les familles”. Cette possibilité légale est aujourd’hui utilisée sur l’ensemble du territoire pour près d’un millier d’enfants. […] Lorsque les parents se dérobent à cette obligation, un signalement est effectué auprès du procureur de la République. À noter que la suspicion de dérive sectaire n’est apparue que très rarement lors de ces contrôles. »

Le rapport 2006 de la MIVILUDES paru en janvier 2007 souligne que : « Ces corps d’inspection territoriaux ont continué à se montrer actifs dans plusieurs domaines, notamment le contrôle de l’instruction dans la famille, même s’il faut se garder de considérer que les parents qui éduquent leurs enfants à domicile ou les établissements privés hors contrat relèvent de la sphère des activités de nature sectaire. »

Belgique

En Belgique,

  • les parents (ou responsables légaux) de l’enfant (de 6 à 16 ans) doivent informer l’inspection académique.
  • Ils signent ensuite un « contrat » dans lequel ils s’engagent à instruire leur enfant et à le présenter aux examens de contrôle de compétence.

Les parents sont tenus d’assurer ou de faire assurer un enseignement de niveau équivalent à celui imposé aux établissements scolaires reconnu par les autorités. Un contrôle du niveau des études est effectué durant l’année où l’enfant atteint l’âge de 8 ans, de 10 ans, et de 14 ans. S’y ajoutent des examens à 12 ans (certificat d’étude de base), à partir de 13 ans (attestation d’orientation A) et à partir de 15 ans (certificat d’enseignement secondaire du deuxième degré) (jury central) Arrêté du Gouvernement de la Communauté française (de Belgique) fixant les conditions pour pouvoir satisfaire à l’obligation scolaire en dispensant un enseignement à domicile Cette loi vient d’être annulée par le Conseil d’État (le 30 mai 2006). Nous ne savons pas comment la législation évoluera (Annulation). L’obligation d’instruction est à temps plein jusqu’à l’âge de quinze ans et comporte au maximum sept années d’enseignement primaire et au moins les deux premières années de l’enseignement secondaire de plein exercice ; en aucun cas l’obligation d’instruction à temps plein ne se prolonge au-delà de seize ans.

Canada

Si l’éducation à domicile est permise au Canada, la situation précise varie de province en province. Il suffit parfois de simplement signaler au Ministère de l’Éducation provinciale son intention de se prévaloir de son droit d’enseignement à domicile de ses enfants. Parfois, les provinces plus tatillonnes imposent des examens réguliers aux enfants enseignés à domicile. De nouvelles lois sont sans cesse proposées dans les provinces, elles tendent généralement à restreindre la liberté des parents.

Québec

L’éducation à domicile au Québec est soumise à l’article 15 (4) de la Loi sur l’instruction publique du Québec qui dispense les enfants suivants de fréquenter une école publique : « l’enfant qui reçoit à la maison un enseignement et y vit une expérience éducative qui, d’après une évaluation faite par la commission scolaire ou à sa demande, sont équivalents à ce qui est dispensé ou vécu à l’école ». Notons que l’incise « d’après une évaluation faite par la commission scolaire ou à sa demande » a été rajoutée au texte original qui était nettement plus libéral d’esprit. Chaque commission scolaire évalue les enfants et interprète ce texte différemment. Certaines sont ouvertes à cette pédagogie originale et peu exigeantes, d’autres demandent aux parents de justifier leur droit, leurs motivations, les preuves d’une « socialisation réussie » avec des enfants de même âge, la méthode pédagogique adoptée. On a même connu un cas où des parents pourtant universitaires se sont vus enlever leurs enfants[7] par la Direction de la protection de la jeunesse.