Pompier
Pompiers américains en Iraq
Pompiers genevois lors d’une chute d’arbre
Exercice de sauvetage en Allemagne
Extraction d’une victime en Belgique
Un pompier est une personne entraînée à combattre le feu, les inondations, et offrir une gamme de secours de diverses natures.
L’expression « soldat du feu » consacre le rôle de lutte contre les incendies ; on la trouve dans les mots fireman (anglais), firefighter (anglais des États-Unis) et Feuerwehr (allemand). La part de la lutte contre l’incendie dans les activités des pompiers modernes est en régression, en raison de l’amélioration des normes de construction, des règlements de sécurité, de la sensibilisation des populations et de la diversification des missions, pour ne plus représenter en France qu’environ 10% des interventions. Les sapeurs-pompiers sont l’un des pivots de la sécurité civile.
Histoire
Antiquité
L’histoire de la lutte organisée contre les incendies commence au temps de l’Égypte ancienne, où des pompes manuelles ont peut-être été employées pour éteindre des incendies. Cependant, de telles tentatives étaient d’une ampleur limitée lorsqu’on les compare aux grandes organisations qui se sont développées ensuite à Rome et dans de nombreuses autres villes. La première brigade de pompiers romains (les Vigiles urbani) a été fondée avec pour mission de combattre le feu au moyen de seaux et de pompes pour transporter l’eau, mais également de divers outillages incluant jusqu’à des catapultes permettant de détruire les maisons avant l’arrivée des flammes afin de contenir le foyer de l’incendie.
Rome a subi de nombreux incendies d’une ampleur importante, notamment le plus connu qui commença aux abords du Circus maximus le 19 juillet 64 et détruisit plus des deux tiers de la ville de Rome. Le peuple qui cherchait un responsable pour ce désastre se tourna vers l’empereur Néron qui était suspecté de vouloir immortaliser son nom en renommant Rome Neropolis. Celui-ci rejeta finalement la responsabilité sur une petite secte orientale, celle des chrétiens. On raconte à propos de cet incendie qu’un Romain serait devenu très riche en achetant des propriétés lors de l’avancée des flammes et utilisant des équipes d’esclaves pour lutter contre l’incendie afin de préserver ses nouvelles acquisitions des flammes.
Plus récemment, une autre cité de grande taille qui connut un tel besoin d’organisation pour lutter contre les incendies est la ville de Londres, qui connut d’importants incendies en 798, 982 et 989, ainsi que le grand incendie de Londres en 1666. Cet incendie, qui commença dans la boutique d’un boulanger consuma une surface d’environ 5 km² de la ville, laissant onze mille personnes sans habitations.
La révolution industrielle
Les premiers tuyaux d’incendie furent mis au point par l’inventeur néerlandais Jan Van der Heiden en 1672. Ils étaient fabriqués en cuir souple et assemblés tous les 15 mètres à l’aide de raccords en laiton. La longueur et les raccords ont donné naissance aux normes actuelles.
A la même époque, aux États-Unis, la ville de Jamestown, Virginie a été complètement détruite par un incendie au mois de Janvier 1608. Un système de « surveillants » des incendies fut mis en place dans la ville de New York en 1648. Les surveillants avaient pour mission de patrouiller à travers la ville en inspectant les cheminées des bâtiments. Les tours de garde étaient réalisés par huit personnes, qui réveillaient les habitants pour combattre l’incendie, si nécessaire avec de simples seaux d’eau. À Boston, les importants incendies qui eurent lieu en 1653 et 1676 ont incité la ville à prendre d’importantes mesures pour lutter contre les incendies.
La pompe à incendie fut développée par le londonien Richard Newsham en 1725. Amenées telles des chariots jusqu’au lieu de l’incendie, ces pompes manuelles étaient servies par des équipes de plusieurs hommes et pouvaient délivrer jusqu’à 12 litres d’eau par seconde et ce jusqu’à une hauteur de 40 mètres.
Benjamin Franklin créa en 1736 à Philadelphie la Union Fire Company, première compagnie de volontaires en Amérique. Il n’y eu pas de pompiers salariés à plein temps en Amérique avant les années 1850. Même après la formation de compagnies de pompiers professionnels aux États Unis, les problèmes de désaccords et de maîtrise de la répartition des territoires existaient encore. Les compagnies de New York furent réputées pour envoyer des coureurs portant de grands tonneaux permettant de recouvrir les bouches d’incendie avant l’arrivée des pompes à incendies. Des combats éclataient couramment entre les coureurs et mêmes les compagnies de pompiers correspondantes, afin d’avoir le droit de combattre le feu, et ainsi obtenir l’argent qui sera donné à la compagnie qui aura combattu l’incendie.
A la suite de l’incendie de l’ambassade d’Autriche le 1er juillet 1810, Napoléon créa le premier corps professionnel de sapeurs-pompiers. Il organisa les pompiers de Paris sous la forme d’un corps militaire par le décret du 18 septembre 1811. C’est depuis ce décret que le terme sapeur-pompier est utilisé officiellement.
Au Royaume-Uni, la première compagnie organisée de pompiers fut créée à Edimbourg, Écosse ([4]), lors de la fondation des établissements Edinburgh Fire Engine Establishment en 1824 par James Braidwood. Londres suivi en 1832 avec les établissements London Fire Engine Establishment.
Le premier camion à vapeur hippomobile pour le combat contre le feu a été inventé en 1829, mais il ne fut pas accepté dans la lutte contre les incendies avant l’année 1860, puis il fut encore oublié pendant deux autres années. Les pompes à incendie à moteur à combustion interne arrivèrent en 1907. Construites aux États-Unis, elles menèrent au déclin et à la disparition les moteurs à vapeur dans les années 1925.
Époque actuelle
Aujourd’hui, le combat contre le feu demeure un mélange de volontaires et professionnels. Typiquement, les services du feu se trouvant dans des secteurs ruraux se composent essentiellement de volontaires tandis que les pompiers à temps plein dominent dans les villes et les secteurs urbains, bien qu’il y ait parfois des exceptions locales.
Les professionnels sont de garde pendant 12 ou 24 heures dans une caserne et partent sur intervention dès qu’ils en reçoivent l’ordre. Ils ont un salaire fixe mensuel. Les volontaires eux sont rémunérés en fonction de leur grade et aux nombres d’intervention et de manœuvres. Appelé par la sirene ou par un appel selectif plus communement appele bip, ils se rendent à la caserne par leur propre moyen puis partent en intervention depuis la caserne.
Missions et emplois
La mission et le statut des pompiers varient d’un pays à l’autre, mais regroupent en général :
- la lutte contre l’incendie ;
- la mise en sécurité et le sauvetage en cas d’accident ou de catastrophe naturelle ;
- les prompts secours d’urgence (participation à l’aide médicale urgente) ;
soit d’une manière générale, la protection des personnes, des biens, des moyens de production économique et de l’environnement (lutte contre les incendies, sauvetage, secourisme, lutte contre la pollution).
Les pompiers sont souvent des fonctionnaires, employés par l’État ou les collectivités territoriales (municipalités, départements, régions…), mais dans certains endroits, ce service public est délégué à des entreprises privées (cas de deux tiers des villes du Danemark notamment). Les pompiers français dépendent de leur département où ils sont pompiers depuis quelques années car avant dépendaient de la commune où la caserne était implantée.
Certaines entreprises possèdent également des personnels de lutte contre l’incendie, notamment pour les activités à risque (usines chimiques, installations nucléaires).
Le terme « pompier » vient de la pompe à bras utilisée auparavant pour éteindre les incendies (avant l’arrivée des pompes à vapeur, puis du moteur à explosion). Le terme « sapeur », utilisé par exemple en France dans l’expression « sapeurs-pompiers », vient du fait que le premier corps créé en France par Napoléon Ier était un corps militaire du génie.
Effectifs nationaux
Dans le tableau ci-dessous, en effectifs totaux. Pour la distinction entre professionnels à plein-temps et volontaires à temps partiel, on indique le pourcentage de l’effectif total entre parenthèses.
Pays |
Nombre total |
Professionnels |
Volontaires |
Note |
Allemagne[1] [2] |
1 383 730 |
24 000 |
1 300 000 |
en plus : env. 30 à 40 000 pompiers d’entreprise |
Autriche[2] |
247 227 |
|
|
Belgique[1] |
17 000 |
5 000 |
12 000 (70 %) |
Danemark[1] |
6 500 |
1 700 |
3 400 |
dont 1 400 conscrits ;
service municipal concédé à l’entreprise Falck dans 2/3 des communes |
France |
229 000 |
39 000 |
190 000 (85 %) |
parmi les 39 000 professionnels : 30 000 civils et 9 000 militaires (Paris, Marseille, bases aériennes…) |
Luxembourg[3] |
9 219 |
178 |
9 041 |
Pays-Bas[1] |
26 512 |
4 253 |
22 259 (85 %) |
Angleterre et Pays de Galles[1] |
58 000 |
35 500 |
16 500 |
15 000 pro à temps partiel et 1 500 volontaires |
Suisse |
115 500 |
1 400 |
113 700 |
en plus : env. 400 pompiers d’entreprise (statistiques 2006) |
Nombre de pompiers par pays
Le tableau ci-dessous présente les effectifs ramenés à la population des pays, exprimés en nombre de pompiers pour 100 000 habitants. Ces statistiques permettent de comparer les organisations mais ne doivent pas servir à comparer les corps tels quels. Ainsi, un nombre élevé de pompiers par habitant ne signifie pas qu’ils sont peu efficaces, mais par exemple que la densité de population est faible (il faut des casernes pour intervenir rapidement mais le secteur couvre peu d’habitations), ou encore un fort taux de pompiers volontaires peut marquer une forte implication de la population dans la sécurité civile (entraide et solidarité).
Pays |
Nombre total |
Professionnels |
Volontaires |
Allemagne |
1 676 |
29 |
1 575 |
Autriche |
3 033 |
|
|
Belgique |
164 |
48 |
115 (70 %) |
Danemark |
120 |
31 |
63 |
France |
382 |
65 |
317 (85 %) |
Luxembourg |
2 081 |
40 |
2 041 |
Pays-Bas |
164 |
26 |
138 (85 %) |
Angleterre et Pays de Galles |
110 |
67 |
31 |
Suisse |
1 638 |
19 |
1 613 |
Nombre de pompiers par pays, pour 100 000 habitants
Risques pour la santé
Les cancers d’origine professionnelle chez les pompiers constituent une source importante de préoccupation pour tous ceux et celles qui œuvrent en santé et en sécurité du travail. Chaque année, ces lésions occasionnent des coûts humains et financiers importants pour les travailleurs et les employeurs. Il est cependant difficile, en l’absence d’études épidémiologiques, d’établir un lien entre l’apparition d’un cancer et les caractéristiques de l’emploi. Toutefois, de récentes revues critiques de littérature épidémiologique reliée à la question des risques de cancer chez les pompiers ont été publiées[4].
Les sapeurs-pompiers seraient également particulièrement atteints de troubles circulatoires en fin de carrière dûs aux sollicitations extrêmes du corps (en particulier du système circulatoire) : élévation très rapide du rythme cardiaque, notamment la nuit lorsque ceux-ci sont « bipés » pour partir en intervention.
Les sapeurs-pompiers sont, en sus des problèmes physiques, plus exposés que la population à développer des troubles psychologiques tels :
- des stress post-traumatiques (interventions marquantes, etc.)
- des troubles du sommeil (gardes de nuit, etc.)
Une étude d’une durée de quinze ans a été lancée en début d’année 2007 sur un échantillon de 15 000 sapeurs-pompiers afin d’analyser l’« impact » du métier sur leur santé.
Cependant, de gros efforts ont été fournis ces derniers temps au sein des services d’incendie et de secours afin d’améliorer les conditions d’hygiène, de santé et de sécurité des sauveteurs.
Les nouvelles générations de pompiers seraient moins exposées à ces risques grâce à une meilleure formation et une prise de conscience des enjeux d’une bonne hygiène mais également de l’adoption de règles élémentaires de sécurité en intervention, telles le port systématique de l’appareil respiratoire isolant sur tous les incendies, mais également lors des déblais.
Équipement des pompiers
Équipements de protection
Les risques de l’activité rendent indispensable l’utilisation d’équipements de protection individuelle (EPI). Les tenues les plus modernes se composent de vêtements proches du corps (chemise et pantalon) ignifugés, et d’une veste de protection textile (parfois encore en cuir) et d’un sur-pantalon particulièrement résistants. La présence d’une couche d’air entre les vêtements et les survêtements est importante pour ralentir la progression de la chaleur (effet isolant) donc de brûlures.
Le sur-pantalon, la veste de protection, les bottes et les gants doivent en principe protéger contre les dangers suivants :
- chaleur et feu (incendie) : les vêtements doivent être ignifugés, stables, ralentir la progression de la chaleur vers la peau, empêcher la pénétration de vapeur (générée par l’arrosage du feu), et couvrir la totalité de la peau ;
- risque mécanique : déchirure, abrasion ;
- chimique : empêcher la pénétration de liquides et résister aux principaux agents agressifs (comme l’acide chlorhydrique et la soude) ;
- risque de coup de chaleur et de déshydratation : évacuation de la chaleur et de la transpiration générées par l’effort ;
- électrique : possibilité de contact accidentel avec des fils mis à nu ;
- visibilité de nuit : les vêtements comportent des couleurs vives et des bandes rétro-réfléchissantes de haute visibilité.
Le casque doit en outre protéger contre les chocs.
Lors de travail en atmosphère nocive, les pompiers portent également un appareil respiratoire isolant (ARI) se composant d’un masque facial (visagère) en caoutchouc couvrant tout le visage et relié à l’appareil proprement dit. Il en existe principalement de deux types :
- En circuit ouvert, un (des) cylindre(s) d’air comprimé (200 ou 300 bars) fournit de l’air pur via un détendeur. L’air respiré est perdu et rejeté dans l’air ambiant. Ceci permet une autonomie de 20 à 40 minutes, suivant le volume du (des) cylindre(s) et l’effort du porteur.
- En circuit fermé, l’air est purifié à l’intérieur de l’appareil par une cartouche de chaux et un cylindre d’oxygène pur. Le porteur respire toujours le même air. Ceci permet une autonomie d’une à quatre heures.
Les bottes doivent maintenir la cheville (pour éviter les entorses), avoir des semelles antidérapantes, anti-perforation et protégeant sommairement des agents chimiques, ainsi qu’une coque anti-écrasement. Elles servent surtout à protéger contre la chaleur et des objets tranchants.
Véhicules typiques
|
|
|
Véhicule de secours routier
|
Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, parade du 14 juillet
Avertisseurs spéciaux
Les véhicules sont munis d’avertisseurs spéciaux qui permettent de prévenir les usagers de la route et de leur demander la priorité.
On distingue les avertisseurs lumineux (gyrophares et feux à éclat) et les avertisseurs sonores (sirènes). La plupart des pays utilisent des avertisseurs lumineux rouges ou bleus. Le bleu se rencontre souvent en Europe.
En France, la sirène officielle des véhicules des pompiers correspond aux notes de musique Si et La ; on l’appelle le « deux tons ». Ceux-ci sont munis de gyrophares bleus.
Dans d’autres pays, tel que les États-Unis d’Amérique, il y a une sirène continue, que l’on actionne tout le long du trajet, et qui peut être complétée par un second avertisseur sonore, actionné par le chef d’agrès.
|