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Université populaire

Université populaire

Une université populaire est un organisme d’éducation populaire, dont l’objectif est la transmission de savoirs théoriques et/ou pratiques pour tous. La plupart des universités populaires en France ont un statut associatif.

Nikolaj Frederik Severin Grundtvig

Nikolaj Frederik Severin Grundtvig

 

Les origines

Le concept est dû au danois Nicolai Frederik Severin Grundtvig (1783-1872), pasteur luthérien puis évêque. Connu comme écrivain, il exerça, et exerce toujours, une influence importante sur les conceptions pédagogiques en vigueur au Danemark, où les écoles libres et les collèges populaires représentent l’héritage légué par Grundtvig et Kristen Kold (autre pédagogue danois, contemporain de Grundtvig).

En Europe

France

Naissance: antisémitisme et école primaire obligatoire

En France, les universités populaires naissent dans le contexte de l’affaire Dreyfus. Face à la déraison que manifestent les idées antisémites, face aux passions qui se déchaînent alors, les universités populaires tentent d’apporter une réponse humaniste.

Autre élément du contexte : les lois scolaires mises en place par Jules Ferry. Si celles-ci permettent dès lors un enseignement gratuit, elles ne touchent évidemment pas les adultes. Les universités populaires essaient donc dès l’origine de combler cette lacune en s’adressant à un public qui n’a pu bénéficier auparavant de « l’instruction publique ».

C’est ainsi qu’est née, en 1896, la première université populaire française : « La Coopération des idées », à l’initiative de Georges Deherme et d’ouvriers de Montreuil-sous-Bois. En 1899, Deherme lance un appel à fonder une « Société des Universités populaires ». Celles-ci sont au nombre de 124 en 1901.

On peut aussi citer l’exemple de la première « Université populaire de Bourges », née grâce à la Bourse du travail de Bourges, qui avait été créée en 1897.

Ce groupement laïque d’enseignement populaire d’éducation mutuelle, pour citer C.E. Roth, est alors subventionné par le conseil municipal et le conseil général… et survit à l’épreuve de la Grande Guerre. Ce détail importe, car les universités populaires ont eu à traverser des passes difficiles, comme l’indique la suite.

Difficultés et renaissance politisée

Programme des cours de l'Université populaire de Villeurbanne, 1936

La fin de l’affaire Dreyfus, la difficile coexistence d’intellectuels et d’ouvriers aux préoccupations divergentes, le niveau moyen d’instruction encore trop faible ainsi que des problèmes politiques ont mis fin au mouvement de développement des universités populaires en France et parfois de manière définitive, puisque nombre d’universités populaires ont disparu (il n’en reste plus que 20 en 1914).

Le premier conflit mondial contribue à changer la nature de ces projets.

Dans l’entre-deux-guerres la renaissance de certaines de ces associations, comme ce fut le cas à Bourges, se fait avec une orientation politique et syndicale plus marquée : dans un contexte de forte effervescence militante pré-Front populaire, la philosophe Simone Weil, agrégée de l’Université, alors en poste au Lycée de jeunes filles de Bourges publie, en décembre 1935, un appel « Pour la création d’une université ouvrière ».

La réunion constitutive de cette université ouvrière a lieu le 24 janvier 1936, et les premiers cours dès février 1936.

Le second conflit mondial entraîna une nouvelle coupure, avec son lot de disparitions, définitives ou temporaires, des universités populaires.

Le renouveau Alsacien

C’est d’Alsace qu’est parti le renouveau des universités populaires, renouveau qui a entraîné le fort mouvement de développement actuel. En effet, en 1963 naissait à Mulhouse l’Université populaire du Rhin.

Pourquoi l’Alsace ?

Cet ancrage géographique s’explique sûrement par un phénomène de métamorphisme culturel dû à la proximité de l’Allemagne. Dans ce pays, en effet, existent des Volkshochschulen (universités populaires) financées par les Länder et pratiquement chargées d’un service public d’éducation des adultes depuis la loi de 1970. Les moyens dévolus à ces universités populaires allemandes étaient (et restent encore, mais dans une moindre mesure) extrêmement importants.

Très rapidement, cette Université populaire du Rhin a pris une importance considérable, du moins à l’échelle des universités populaires de France, et elle reste encore la plus grosse université populaire de France.

L’initiative de Michel Onfray

LE PROJET :

  • Le projet du philosophe Michel Onfray s’appuie sur une volonté de démocratisation de la culture en dispensant gratuitement un savoir au plus grand nombre. La culture y est vue comme un support à la construction de soi, non comme une occasion d’inscription dans un système socio-économique.

LES RAISONS :

  • Le projet s’appuyant sur l’idée que le désir de savoir est considérable. Le succès des débats, forums, séminaires, universités d’été, et autres collections d’idées chez les éditeurs témoignerait d’une authentique et pressante demande. Le philosophe note que l’offre oscille entre l’élitisme de l’université et l’improvisation des cafés philo, l’une reproduisant le système social et sélectionnant ceux auxquels elle réserve les places dans le système, l’autre réduisant souvent la pratique philosophique à la seule conversation.

LE PRINCIPE :

  • L’Université Populaire telle qu’imaginée par Michel Onfray retient de l’Université traditionnelle la qualité des informations transmises, le principe du cycle qui permet d’envisager une progression personnelle, la nécessité d’un contenu transmis en amont de tout débat. Elle garde du café philosophique l’ouverture à tous les publics, l’usage critique des savoirs, l’interactivité et la pratique du dialogue comme moyen d’accéder au contenu.

LE FONCTIONNEMENT :

  • La gratuité totale est le principe de base : pas d’âge requis, ni de titres ou de niveaux demandés, pas d’inscriptions ni de contrôle des connaissances, pas d’examens, ni de diplômes délivrés. Le cours est dispensé une fois par semaine sur une séance de deux heures : la première est un exposé argumenté, la seconde une discussion de celui-ci. Le cycle s’étend de mi-octobre à mi-mai. Il s’articule autour des vacances scolaires de l’Académie de Caen.

PROGRAMME DE L’UP CAEN EN 2007-2008 :

    • Idées politiques
    • Atelier philosophique pour enfants
    • Séminaire ouvert (avec invités)
    • Psychanalyse
    • Bioéthique
    • Histoire
    • Sciences mathématiques
    • Cinéma
    • Littérature contemporaine
    • Littérature féminine érotique au XX° siècle
    • Art contemporain
    • Contre histoire de la philosophie
    • Jazz
    • Economie

L’UNIVERSITE POPULAIRE D’ARGENTAN créée par Michel Onfray :

    • Créée en 2006 par Michel Onfray et Marc de Champérard, en collaboration avec l’association « Les Jardins dans la Ville » dont s’occupe Jean Luc Tabesse.
    • L’UP d’Argentan propose, toujours sur le même principe de la gratuité et du bénévolat, une Université populaire du goût animée par une équipe de Grands Chefs, un séminaire « Histoire de goûts » par E. Bloch Danot, des « Goûters philo et littérature » par E. Chirouter, un séminaire « Musique » avec P. Cohen et M. Villanueva, un atelier « Danse-rap » et un séminaire « Cinéma ».

L’Association des Universités populaires de France

Les universités populaires sont maintenant très présentes en France : l’AUPF, ou Association des Universités Populaires de France, revendique plus d’une soixantaine d’adhérents : il y a là un vrai renouveau, qui témoigne de la vitalité de l’éducation des adultes en France.

L’AUPF ne se contente d’ailleurs plus d’un regard franco-français : les colloques annuels qui rassemblent les universités populaires sont devenus internationaux et sont fréquentés par les Allemands, les Autrichiens, les Belges, les Espagnols, les Italiens. Lors d’un colloque accueilli par l’Université populaire Savoie-Mont-Blanc, Janos Toth, président de l’Association européenne pour l’éducation des adultes, était présent (AEEA, en anglais : European Association for Education of Adults ; cette association regroupe une centaine d’organisations représentant trente-quatre pays).

C’est là le signe de l’intérêt que porte l’Europe au développement des universités populaires en France, et le colloque de novembre 2004 a réuni à Metz de nombreuses universités populaires d’Europe et les adhérents de l’AEEA. À l’occasion de ce colloque seront remis les Grundtvig Awards 2004, le programme européen Grundtvig étant l’équivalent, pour l’éducation des adultes, d’autres programmes tels que Socrates ou Erasmus.

Les UP, UTL,Université du 3ème âge, etc… membres de l’Association des Universités populaires de France mutualisent outils, expériences et initiatives sur un site communautaire.

Danemark

La première université populaire danoise a été fondée à Rødding en 1844, par l’initiative de Kristen Kold et inspiré par le théoricien de l’éducation Nikolaj Frederik Severin Grundtvig. Le projet venait répondre au besoin d’éduquer le milieu paysan peu instruit et souvent trop pauvre pour dépenser du temps et de l’argent pour suivre l’université.

Aujourd’hui, on compte 79 Universités Populaires au Danemark. Les principaux sujets d’instruction varie entre les matières creatives (la musique, les arts, le design, l’écriture, etc.) et intellectuelles (religion, philosophie, littérature, psychologie, etc.). Certaines écoles se sont spécialisées dans le sport. Récemment, la mondialisation a exercé une influence croissante sur les écoles Danoises. De plus en plus de cours sont vouerts aux étrangers ainsi qu’aux danois, et de nombreux cours prévoient dans leurs programmes des voyages et des séjours volontaires dans d’autres pays.

Norvège

La première université populaire norvégienne a été fondée en 1864. En 2007, on compte 77 Universités Populaires dans le pays, dont 30 sont chrétiennes. Les universités populaires s’adressent tout particulièrement aux jeunes adultes, en promouvant une éducation générale. Les étudiants des universités populaires sont pour la plupart éligibles à l’aide financière standard. La plupart des universités populaires sont rattachées à des organisations.

Suède

La première université populaire suèdoise a été fondée en 1868. Aujourd’hui, on compte environ 150 Universités Populaires dans le pays, la plupart étant située à la campagne, le plus souvent dans des lieux reculés. L’éducation y est gratuite et les étudiants sont éligibles à l’aide financière standard. Après avoir gradué, les étudiants sont éligibles à pour étudier à l’université. Certaines écoles, comme par exemple la Södra Vätterbygdens Folkhögskola près de Jönköping, coopere avec des écoles d’autres pays et ont des programmes d’échange.

Allemagne

Une université populaire germanophone (Volkshochschule) offre généralement des cours (sans diplôme) de formation continue aux adultes dans les domaines suivants:

  • l’éducation generale
  • l’éducation vocationelle
  • l’éducation politique
  • l’allemand seconde langue (notamment pour les immigrants)
  • différentes langues étrangères
  • différentes formes d’art
  • les technologies de l’information
  • l’éducation en santé
  • les classes préparatoires aux grandes écoles (notamment pour les écoles d’Abitur ou de Matura)

Ce type d’université populaire est actuellement largement répendue en Allemagne. Parce qu’elles préparent aux examens d’entrée aux grandes écoles, les université populaire allemandes remplissent également des fonctions normales d’universités.

En Amérique du Nord

Québec

L’Université populaire à Montréal (UPAM [1]) fut une expérience d’éducation populaire gratuite tenue à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). À l’initiative d’étudiants, le projet est né pendant la semaine du 12 au 16 novembre 2007, lors de la participation à la grève étudiante québécoise de 2007 de 5 associations étudiantes facultaires de l’UQAM parmi 7 (l’AESS, l’AFEA, l’AFELLC, l’AFESH et l’AFESPED). Elle joignit le concept d’université populaire, tel que le pratiquent Michel Onfray et l’Université populaire de Caen,[2] à celui du forum ouvert. Au sujet de l’UPAM, le journal La Presse écrivit qu’avec l’UPAM, les grévistes ont créé « une petite révolution dans le monde de la mobilisation estudiantine ».