Esclavagiste – Fiche métier

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Esclavagiste

Esclavagiste

Médaillon officiel de la British Anti-Slavery Society, 1795 Josiah Wedgwood

Cet article fait partie de la série

Esclavage

Histoire de l’esclavage

Chronologie de l’esclavage
Esclavage dans l’Antiquité
En Grèce antique
En Rome antique
Dans la civilisation orientale
Marronnage
Abolition de l’esclavage

Commerce des esclaves

Traite des noirs
Commerce triangulaire
Traite orientale
Traite des blanches

Formes et variantes

Servage
Ministérialité
Janissaires
Mamelouks
Restavecs
Esclavage sexuel
Esclavage moderne

Autres

Esclaves célèbres
Mémoire de l’esclavage

L’esclavage désigne les conditions sociales des esclaves, des travailleurs non libres et généralement non rémunérés qui sont juridiquement la propriété d’une autre personne et donc négociables, au même titre qu’un objet. Au sens large, l’esclavage est le système socio-économique reposant sur le maintien et l’exploitation de personnes dans cette condition. En France, il est considéré comme un crime contre l’humanité.

Les esclaves sont tenus d’obéir à tous les ordres de leur maître depuis leur naissance (ou capture, ou passage à l’état d’esclave) jusqu’à leur mort (ou parfois leur libération, ou affranchissement).

En tant que propriété, l’esclave peut faire l’objet des transferts inhérents à la notion de propriété : on peut donc l’acheter, le vendre, et même le louer.

L’esclave se distingue du captif ou du forçat, conditions voisines dans l’exploitation, et de la bête de somme, par un statut juridique propre, déterminé par les règles et les lois en vigueur dans le pays et l’époque considérés.

 

 

Définitions

 

Étymologie

Le terme « moderne » esclavage vient du latin médiéval sclavus déformation de slavus (le slave), de grec sklabos. Le mot « esclave » serait apparu au Haut Moyen Âge à Venise, où la plupart des esclaves étaient des Slaves des Balkans (une région qui s’est longtemps appelée « Esclavonie » et qui est récemment devenue indépendante, sous le nom de « Slovénie »). La même racine se retrouve dans le mot arabe saqaliba.

Rome pratiquant l’esclavage, le latin disposait évidemment d’un terme pour désigner l’esclave : servus, qui a conduit aux termes servile et servilité (relatifs à l’esclave et à sa condition), ainsi qu’aux termes serf du Moyen Âge et aux modernes service, serviteur, voire ciao etc. (avec des évolutions dans le sens).

Esclave, Michel-Ange, XVIe siècle

Esclave, Michel-Ange, XVIe siècle

 

Définition française

Selon l’Académie française, l’esclave est une « personne qui n’est pas de condition libre, qui appartient à un maître exerçant sur elle un pouvoir absolu. »[1] L’esclavage est donc avant tout la condition d’esclave, et la réduction d’un homme à l’état d’esclave, de manière généralement involontaire. L’esclave peut dépendre de toute autorité : personne, groupe, organisation, État.

L’Académie française ajoute à cela, par extension, toute « institution sociale fondée sur l’existence d’une classe d’esclaves »[2] Par analogie, l’esclavage est donc l’ »état, [la] condition de ceux qui sont soumis à une tyrannie, à une autorité arbitraire ; asservissement, servitude. »[3] La définition n’exclut donc pas formellement la notion de servitude volontaire.

Autres sens :

  • Au sens figuré, l’esclavage est l’état d’une « personne qui, par intérêt ou par goût, se met dans la dépendance d’une autre et suit aveuglément ses volontés. »[4]
  • Par extension, « se dit d’une personne qui se tient dans un état d’assujettissement, de dépendance, qui subit l’empire d’une chose. »[4]
  • Au figuré, « se dit de tout ce qui tient dans un état d’assujettissement, de dépendance. L’esclavage du tabac. L’esclavage de la mode. L’esclavage des passions. Par métonimie, activité imposant une sujétion. Ce travail est lucratif, mais c’est un véritable esclavage. »[5]

 

Définitions juridiques

Plusieurs textes internationaux ont tenté de définir la notion d’esclavage.

  • La convention relative à l’esclavage (1926) de la Société des nations dispose en son article premier que « L’esclavage est l’état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs du droit de propriété ou certains d’entre eux ». L’article définit également la traite des esclaves comme « tout acte de capture, d’acquisition ou de cession d’un individu en vue de la réduire en esclavage; tout acte d’acquisition d’un esclave en vue de le vendre ou de l’échanger; tout acte de cession par vente ou échange d’un esclave acquis en vue d’être vendu ou échangé, ainsi que, en général, tout acte de commerce ou de transport d’esclaves. »[6]
  • L’Organisation internationale du travail a adopté en 1930 une définition du travail forcé que l’on peut rapprocher de celle de l’esclavage : « le terme travail forcé ou obligatoire désignera tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré. »[7]
  • La convention relative à l’abolition de l’esclavage (1956) des Nations unies renvoie à la définition de la convention de 1926, en ajoutant en son article premier plusieurs « Institutions et pratiques analogues à l’esclavage » : servitude pour dettes, servage, mariage forcé, etc.[8]

 

Usages particuliers

  • L’OIT assimile au travail forcé, le travail des enfants (voir l’article).
  • La notion d’esclavage ou de servitude est souvent utilisée comme argument politique ou idéologique : notion anticapitaliste d’esclavage salarié, notion libérale d’esclavage fiscal[9], raisonnements de pacifistes et raisonnements de libéraux (pacifistes ou non) assimilant le service militaire à une forme d’esclavage (ce que la convention de l’OIT de 1930 exclut clairement), notion d’esclavage animal[10]

 

Histoire

 

Histoire par périodes et par régions

Coupe d'un navire négrier tel que figurant dans la bande dessinée les Passagers du vent.

Coupe d’un navire négrier tel que figurant dans la bande dessinée les Passagers du vent.

 

Le commerce

Les réseaux commerciaux ont évolué en fonction du « marché ». Tournée vers l’Empire Romain dans l’Antiquité, la traite vers l’Afrique du Nord devient plus importante au cours du Moyen Âge ; l’Europe méditerranéenne (Italie, Catalogne, Crète, Chypre, Majorque…) reste cependant une destination importante du commerce d’esclaves. Certains pays européens deviennent eux-mêmes une source d’approvisionnement d’esclaves (traite des slaves païens et chrétiens depuis le Balkan, traite des blancs capturés au cours de la conquête ottomane, etc.). À l’époque moderne, le commerce européen des esclaves évolue vers une forme transatlantique dite de commerce triangulaire.

Simples ouvriers habitués au climat tropical au tout début, les noirs deviennent rapidement des esclaves corvéables et bon marché, importés d’Afrique noire du XVIe au XIXe siècle. Les estimations du nombre de déportés varient, selon les auteurs, de 11 millions (pour Olivier Pétré-Grenouilleau[11]) à 50 millions (pour Victor Bissengué[12]) jusqu’en 1789.

Le commerce arabe des esclaves est resté très actif de l’antiquité à l’époque moderne (on retrouve des traces d’esclaves noirs jusqu’en Chine), depuis les zones d’approvisionnement traditionnelles du monde musulman (Afrique Noire (Traite (sub-)saharienne), Europe, mer Noire) jusqu’au début du XXe siècle. Ainsi le dernier marché aux esclaves marocain a été fermé par les Français en 1920.[réf. nécessaire]

La traite organisée par des africains eux-mêmes, dite « Traite Interne », a elle aussi une extension considérable : environ 15 millions de personnes en ont été touchées. Elle était le fait de potentats locaux qui vendaient soit leurs sujets soit des captifs.

On peut encore mentionner l’esclavage en Amérique du Sud, bien que ce sujet soit encore mal connu. À l’époque précolombienne, les Aztèques étaient apparemment esclavagistes. Les esclaves, outre leur utilisation comme main-d’œuvre, servaient aussi aux sacrifices humains.[réf. nécessaire]

Voir aussi Chronologie de l’esclavage

Les formes actuelles de l’esclavage répondent aux mêmes caractéristiques, notamment les réseaux de proxénétisme, tournés vers les lieux de consommation.

 

La valeur économique de l’esclavage et conséquences

La valeur économique de l’esclavage est contestée et remise en question par de grands penseurs comme Montesquieu ou Tocqueville.

Un esclave est en général peu motivé au travail, et l’on doit l’entretenir pendant son enfance, sa vieillesse et pendant les périodes de moindre travail. (On estime en effet qu’à Gênes au XIVe siècle un esclave coûte à l’achat 5-6 fois le salaire annuel d’un domestique libre.)[13] À cela s’ajoute la nécessité de le surveiller plus qu’un ouvrier salarié. En outre, par la facilité de se procurer des esclaves et leur imposer tout travail nécessaire, l’esclavage décourage l’innovation technique, donc le dynamisme économique des « Maîtres ». Ainsi, aux États-Unis, le contraste, à la veille de la guerre de Sécession entre l’indolence des États esclavagistes et aristocratiques du Sud et le dynamisme industrieux des États du Nord, est saisissant.

Si à court terme, l’esclavage semble être une solution économique valable (apport massif de main-d’oeuvre déjà adulte), elle dérive le plus souvent, en quelques décennies, vers des sociétés peu dynamiques, incapables de se réformer sans chocs extérieurs. Néanmoins, pour prendre l’exemple le plus documenté, la traite Atlantique a permis aux économies européennes de se développer rapidement, en trouvant un marché (l’Afrique) pour écouler les produits manufacturés et une monnaie d’échange (les esclaves) contre une matière première (le sucre). Karl Marx a soumis l’idée que la Traite Atlantique, en commercialisant les marchandises des premières usines, a permis l’accumulation primaire de capital permettant l’essor industriel européen du XIXe siècle[14].

Dans les sociétés esclavagistes, le travail n’est pas considéré comme une activité noble nécessaire au développement personnel. Le labeur est réservé aux esclaves, et les maîtres se consacrent le plus souvent aux activités guerrières, intellectuelles ou seulement mondaines.[réf. nécessaire] Cette dévalorisation du travail et des travailleurs est parfois soutenue par les justifications religieuses voire raciales de l’esclavage qui réapparaissent dans toutes les sociétés esclavagistes.

 

Abolitionnisme et abolitions

Médaillon abolitionniste britannique (1795)

Médaillon abolitionniste britannique (1795)

La première trace d’une abolition de l’esclavage est la série de lois édictées en 958 par Gwangjong, le quatrième roi du royaume de Koryŏ (Corée actuelle), mais les invasions qui ont suivi ont balayé cette réforme. En Europe à la même époque, les marchés aux esclaves sont progressivement interdits, sous l’influence de l’Église (voir sainte Bathilde) pour disparaître quasiment complètement après l’an mil. L’esclavage reste néanmoins uns fait dans les sociétés chrétiennes de l’Europe méridionale jusque dans l’époque moderne. Contesté de temps en temps par l’Église romaine, mais bien plus souvent par des personnes isolées, l’existence d’esclaves dans les régions au sud des Alpes (Italie, Espagne, Balkans, îles méditerranéennes) continue tout au long du moyen âge, seuls les pays d’origines des esclaves importés changent (v. ci-dessus)[15].

En France, le 3 juillet 1315 : le roi Louis X le Hutin, publie un édit qui affirme que « selon le droit de nature, chacun doit naître franc ». Officiellement, depuis cette date, « le sol de France affranchit l’esclave qui le touche ». Il n’y aura plus d’esclaves sur le sol métopolitain depuis ce jour. Les colons antillais en visite laissèrent leurs esclaves en consigne dans les ports.[réf. nécessaire]

L’Empire du Mali interdit à son tour l’esclavage au XIIIe siècle, sous Soundiata Keïta (il sera rétabli en 1591 par le pacha marocain Djouder, puis à nouveau aboli en 1891 avec l’arrivée des Français).[réf. nécessaire]

Abolie déjà en 1713 en Prusse, la traite par les européens continue jusqu’au XIXe siècle. Le Portugal abolit l’esclavage par un décret du 12 février 1761 (Marquis de Pombal).[réf. nécessaire]

En France, le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la Convention vote l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises (ou ce qu’il en reste). Cette mesure méritante, sera abrogée par Napoléon Bonaparte. Il l’est en 1833 en Angleterre et 1847 dans l’Empire ottoman. La France attend ainsi 1848, année qui voit Victor Schoelcher faire adopter le décret d’abolition définitif pour ce qui concerne l’hexagone.

En 1865, les États-Unis promulguent le 13e amendement interdisant l’esclavage. La question de l’esclavage, en partie révélée par le livre La Case de l’oncle Tom conduisit Abraham Lincoln à promettre son abolition s’il était élu. Son élection conduisit donc les États du Sud à demander la Sécession. Celle-ci leur fut refusée (elle aurait en effet privé les caisses fédérales de l’essentiel de ses impôts), conduisant à la guerre civile. La Guerre de Sécession qui en suivit sera la plus meurtrière de toute l’histoire de ce pays.

Bien que l’affranchissement d’esclaves soit une œuvre charitable selon l’Islam, les pays musulmans hésitent encore plus que les Européens à abolir l’esclavage : les derniers pays du monde à ratifier l’abolition de l’esclavage sont l’Arabie saoudite en 1962 et la Mauritanie en 1980.[réf. nécessaire]

En droit positif, la prohibition de l’esclavage est contenue dans les articles 4 de la Convention européenne des droits de l’homme et de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, l’article 8 du Pacte des droits civils et politiques de l’ONU, dans la convention de Genève de 1926, de New York de 1956, de l’OIT de 1930 et 1936.

 

Persistances de l’esclavage

L’esclavage n’a cependant pas totalement disparu dans certaines régions du monde, comme la péninsule arabique ou le sous-continent indien. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime à 25 millions le nombre de personnes vivant actuellement dans des conditions assimilables à de l’esclavage, d’où le terme d’ « esclavage moderne ». Selon l’ONU, chaque année, deux millions de personnes sont réduites en esclavage.

L’esclavage réapparaît actuellement au Soudan. Les musulmans du nord ont rétabli la charia lors de la décolonisation et l’appliquent de force aux Noirs chrétiens et animistes du sud qui se sont rebellés. Ceux-ci, repoussés dans la Province Équatoriale, la plus insalubre, ont résisté de leur mieux depuis l’indépendance. Aussi les forces gouvernementales ont-elles massacré les populations civiles de nombreux villages et continuent à y enlever de nombreux enfants pour les convertir à l’islam et les utiliser comme esclaves à Khartoum.

En Mauritanie, en dépit de son interdiction officielle en 1981, l’esclavage est une pratique qui persiste. Le 8 août 2007, le Parlement du pays a adopté une loi criminalisant l’esclavage, puni de dix ans d’emprisonnement[16].

Par glissement sémantique, certaines situations sont assimilées à de l’esclavage moderne :

  • le proxénétisme[17] ;
  • le travail forcé, rendu possible dans les pays occidentaux par le travail clandestin ;
  • le travail des enfants.

En 2000, l’UNICEF estimait que 200 000 enfants étaient retenus en esclavage en Afrique centrale et occidentale. D’après l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) quelque 200 000 femmes et enfants sont victimes de l’esclavage.

La pratique des enfants soldats peut également être assimilée à une forme d’esclavage, d’autant qu’à l’emprise psychologique mise en œuvre sur des enfants, s’ajoute la dépendance physiologique obtenue par l’usage de drogues fortes[18].

 

Mémoire de l’esclavage

Des jours de commémoration de l’abolition existent dans la plupart des îles des Antilles. 2006 marque l’année de la reconnaissance de la responsabilité historique de l’Etat français à propos de l’esclavage, dont les victimes seront dorénavant commémorées tous les 10 mai. Cette date est également celle de l’adoption de la loi Taubira, grand pas dans la démarche mémorielle touchant à l’esclavage, qu’elle qualifie en particulier de « crime contre l’humanité ».

La place réservée dans la mémoire collective à certaines personnalités est également notable, notamment les « nègres marrons » et certaines figures comme la Mûlatresse Solitude, qui a donné lieu à un roman.

 


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