Édition (document) – Fiche métier

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Édition (document)

Édition (document)

L’édition (du latin editio, « action de produire, faire paraître au jour ») est le processus par lequel un éditeur rend accessible un document, notamment des livres, des périodiques, de la musique ou des logiciels.

Le métier d’éditeur

L’édition est un métier à valeur intellectuelle et économique. L’éditeur sélectionne, parmi les nombreux manuscrits qu’il reçoit, ceux qu’il juge dignes d’être publiés. Ce jugement se fonde sur les qualités stylistiques qu’il prête au texte, sur ses qualités de réflexion, sur son originalité, ainsi que sur le succès que pourrait connaître, selon lui, le livre et donc sur la rentabilité de l’opération éditoriale.

Lorsque l’éditeur a la conviction qu’un sujet doit être traité, et s’il pense qu’il existe une demande du public, il peut également rechercher un auteur auquel il passera une commande.

L’éditeur prend l’essentiel du risque financier de l’édition. Les bénéfices vont principalement au diffuseur et au distributeur du livre, qui sont chargés, pour le premier, de démarcher les libraires et de prendre leurs commandes, pour le second, d’acheminer les livres aux librairies, pour honorer les commandes prises par le premier. Ces opérations coûtent à l’éditeur entre 50 et 60% du chiffre d’affaires dégagé par le livre. Le reste du chiffre d’affaires va à l’auteur (environ 10%, ce chiffre part beaucoup plus bas, aux alentours de 6% pour les illustrés, et peut atteindre 20% voire plus pour les meilleures ventes) et à l’éditeur, qui peut ainsi rémunérer, outre ses salariés (assistants d’édition, attachés de presse, chargés de fabrication, maquettiste, etc.), toute la chaîne du travail du livre (imprimeurs, correcteurs, photographes freelance, éventuellement documentalistes, etc.).

C’est l’éditeur qui coordonne le parcours de la « chaîne du livre » et, souvent, qui établit également le programme financier intégrant les coûts prévus et les gains espérés, comme dans n’importe quelle entreprise.

Ensuite, l’éditeur confie le destin du livre au diffuseur et au distributeur qui eux-mêmes s’en remettent aux soins du libraire.

La « chaîne du livre »

  • La création : L’auteur rédige son œuvre. Il peut le faire de sa propre initiative ou sur commande d’un éditeur. Une fois terminée, l’œuvre est remise sous la forme de manuscrit à un (ou plusieurs) éditeur(s).
  • De l’auteur à l’éditeur : Le manuscrit est reçu par l’éditeur. L’éditeur conclut un contrat d’édition avec l’auteur. C’est ce que l’on appelle la publication à compte d’éditeur. Elle ne donne lieu, de la part de l’auteur, à aucun versement d’argent. L’éditeur, en revanche, peut verser un à-valoir à l’auteur, qui représentera une avance sur les droits que ce dernier percevra sur les ventes du livre. Cette avance est généralement “remboursable”, c’est-à-dire que l’auteur ne percevra à nouveau de l’argent de l’éditeur qu’une fois que l’avance aura été “remboursée” par les droits d’auteur. Si, par exemple, l’auteur se voit garantir un taux de 10% sur le chiffre d’affaires net hors taxe de la vente de son ouvrage, il percevra pour 1000 exemplaires vendus et un prix de vente hors taxe – sans la TVA, qui est de 5,5% sur les livres – de 14 euros : 1000 x 10% x 14 = 1400 euros. Admettons que l’éditeur a versé à l’auteur à la signature du contrat une avance “remboursable” de 1000 euros, l’auteur ne percevra plus que 400 euros. En revanche, les contrats d’édition prévoient la plupart du temps que les à-valoirs restent acquis à l’auteur, quoi qu’il arrive. Si, donc, l’ouvrage que nous avons pris en exemple ne se vend qu’à 500 exemplaires, et que l’auteur ne doive percevoir que : 500 x 10% x 14 euros = 700 euros, alors qu’il a perçu à la signature du contrat une avance de 1000 euros, il ne devra rien à l’éditeur.
  • De l’éditeur à l’imprimeur : L’auteur remet son manuscrit définitif à l’éditeur. L’éditeur procède à une première lecture. Il peut demander à l’auteur de réécrire tout ou partie de son œuvre. Il peut aussi effectuer des changements lui-même et les soumettre à l’auteur pour approbation. Il peut déléguer tout ou partie du travail à un assistant d’édition. Il s’agit à ce stade de préparer la copie. Puis le texte part à la correction. Un correcteur pointe les erreurs de grammaire, de syntaxe, d’orthographe du texte. Ensuite intervient un maquettiste, qui effectue la mise en page et intègre si nécessaire les éléments fournis par l’éditeur (bibliographie, index, sommaire, notes,…), en respectant la feuille de style de la maison d’édition ou de la collection dans laquelle le livre est publié (grosseur des caractères, police, foliotage, etc.). En général, l’éditeur a fourni au maquettiste un « chemin de fer », c’est-à-dire un plan page à page de l’ouvrage. Une fois prêt, le livre est à nouveau relu (la lecture sur épreuve) par l’éditeur et l’auteur. L’auteur signe ensuite un bon à tirer qui valide la version finale. En parallèle, l’éditeur a travaillé sur le projet de couverture, avec un photographe ou un illustrateur, et un graphiste. Il a aussi rédigé la quatrième de couverture (le texte qui apparaît au dos du livre).

Dans certains cas la responsabilité de la maquette est confiée à de véritables artistes qui disposent d’une grande liberté de création ( Pierre Faucheux, Massin).

  • L’impression : En amont, l’éditeur et le chargé de fabrication ont déterminé ensemble la qualité du papier, son grammage, le procédé à utiliser pour la reliure, ainsi que l’imprimeur auquel il sera fait appel, à qui un devis, garantissant des délais de livraison, a en général été demandé. Une fois que le bon à tirer a été signé, le fichier informatique du livre est envoyé à l’imprimeur qui sort une première copie (appelé traceur, ozalid, ou Cromalin). Les dernières corrections sont apportées afin de valider l’impression finale. La quantité du tirage et les choix d’impression (papier, couverture, matériaux divers et qualité de l’impression) sont définis par l’éditeur en fonction du public concerné et du tarif de l’ouvrage.
  • La commercialisation : Entre trois et six mois avant la sortie de l’ouvrage, l’éditeur l’a présenté à son diffuseur. Le diffuseur est une société spécialisée dans le démarchage et la prise de commandes auprès des libraires et des grandes chaînes de diffusion de livres (FNAC, Virgin, Cultura pour les principales enseignes spécialisées, supermarchés et hypermarchés pour le reste). Ces opérations s’effectuent par l’intermédiaire d’un “collège” (une équipe) de “représentants” (des agents commerciaux spécialisés dans le livre). L’éditeur rencontre le diffuseur plusieurs fois par an, pour présenter son programme et convaincre les représentants de défendre les livres qu’il va publier. Parfois, il est demandé à l’auteur de venir présenter son œuvre devant le diffuseur, pour qu’il ait l’occasion de se faire connaître, de parler de son livre, et de répondre aux questions des représentants, qui anticipent bien souvent les questions des libraires. Une fois les libraires démarchés et les commandes prises, les livres sont acheminés par le distributeur, par camion ou par courrier. À noter qu’une partie des livres placés par le diffuseur ne font l’objet d’aucune commande. Ils sont envoyés automatiquement par le diffuseur au libraire. C’est ce que l’on appelle l’office. Cette pratique, très utilisée pour forcer le lancement d’un livre à gros tirage, est en régression, sous la pression des libraires. Les commandes des libraires sont appelés les “notés”. Le total de l’office et des notés forme ce que l’on appelle la “mise en place” d’un livre. Une fois la commande prise et le livre expédié au libraire, il est disposé dans les rayons, où les clients peuvent l’acheter. Mais si le livre ne se vend pas, le libraire a une faculté de retour : il peut retourner l’ouvrage à l’éditeur, dans un délai déterminé. Tout cela donne lieu à un jeu de facturation très complexe, et a des coûts importants. Le libraire peut consentir une ristourne à ses clients, mais celle-ci ne peut être supérieure à 5% du prix de vente, en application de la loi Lang. C’est ce que l’on appelle le prix unique du livre. Cette disposition protège à la fois l’éditeur et le libraire. En fait, toute la chaîne du livre.

Une autre forme de commercialisation est le club de livres ou un éditeur contacte par lettre circulaire des adhérents connus ou potentiels, leur propose l’achat d’un nombre donné de livres par mois qui leur sont adressés par voie postale.

Activité intellectuelle

Dans des domaines comme la paléographie, l’épigraphie et la philologie, l’éditeur retrouve son sens premier : il est celui qui propose l’édition d’un texte, c’est-à-dire dans une version écrite, amendée, retouchée, corrigée et souvent annotée sur un support moderne. Généralement ancien, le texte est souvent d’une lecture directe ardue voire impossible au commun: par exemple, le texte est dans une écriture ancienne difficile à déchiffrer, il ne subsiste qu’à l’état manuscrit, la ou les copies sont trop anciennes et précieuses pour être facilement consultées ou encore le texte est connu sous plusieurs versions.

Pour plus de détails sur le processus d’édition philologique, consulter paléographie (la transcription des textes anciens étant le plus souvent la démarche préalable à toute édition critique).

Dans un sens plus large lié au précédent, l’éditeur est celui qui modifie un texte moderne pour le rendre plus accessible ou utilisable dans un contexte donné, par l’ajout de paratexte, par des coupes, etc.