Conteur
On appelle conteur ou conteuse, celui ou celle qui raconte oralement une histoire sans support autre que ses connaissances, son imaginaire et ses talents d’improvisition. L’art du conteur se différencie donc à la fois de celui de l’écriture, de la lecture à voix haute, et de la simple récitation.
La place du conteur dans la société
Le conteur, qu’il soit traditionnel ou moderne, déploie son talent dans des lieux de rencontres, de convivialité. Les conteurs, diseurs et raconteurs sont présents et sont souvent au centre de nouveaux espaces de vie. a leur manière, ils peuvent participer à la construction ou reconstruction de tissu social. Ces fonctions sociales se sont toujours accompagnées d’une volonté artistique forte pour permettre de porter les histoires toujours en évolution et en performance, à ceux à qui elles sont destinées.
Dans les sociétés occidentales
En Occident, depuis l’aède et le rhapsode grecs jusqu’au conteur de l’époque moderne, en passant par les barde celte et le troubadour du moyen-âge, la tradition orale du conte a perduré jusqu’à ce que la baisse de l’analphabétisme, à partir de la fin du dix-huitième siècle, fasse disparaître la nécessité d’un recours systématique à la mémoire des conteurs pour se rappeler une histoire. Le répertoire des conteurs traditionnels, bouleversé au cours de l’histoire par les apports extérieurs de l’immigration et l’histoire littéraire, et de l’intérieur par les aléas de la mémoire et de l’imagination des conteurs, n’a été l’objet d’investigations scientifiques qu’à partir du dix-neuvième siècle, alors que la tradition orale était en passe de se raréfier et de s’éteindre. C’est seulement depuis le milieu du vingtième siècle que les anthropologues s’intéressent non seulement aux contes, mais également à l’art des conteurs.
Le renouveau du conte
A partir des années 1970, on assiste en France comme aux Etats-Unis à un regain d’intérêt pour l’art du conteur, qui prend la forme d’un renouveau du conte. Distinct de la tradition orale traditionnelle, ce nouvel art du conteur s’appuie davantage sur l’écrit. Dans ce nouvel art du conteur, des fonctions sociales ont disparu: transmission de certains rites religieux, avertissement des dangers encourus par la communauté (famine, loups…); d’autres perdurent tout en étant passablement transformées: éducation des enfants, lien social au sein d’une même communauté de travail, construction d’histoires collectives; et enfin certaines apparaissent: expression artistique, morale, politique, ciment culturel au sein d’une même communauté urbaine.
Dans un rapport de proximité avec son auditoire, il venait animer le cercle familial lors des veillées rurales, et désormais anime les après-midi ou les soirées d’un public plus hétéroclite, très souvent au sein d’institutions publiques comme l’école ou la bibliothèque. Aux lumières de la cheminée se sont substituées celles, souvent tamisées, des projecteurs, mais toujours subsiste le souci d’un rapport intime avec un nombre restreint de spectateurs.
Dans les sociétés traditionnelles
En Afrique, griots et « griottes » occupent cette fonction de conteurs. Ils ont pour métier, outre la conservation et la diffusion de la tradition orale, de composer et de relater une geste familiale, clanique ou tribale lors des cérémonies, par exemple les mariages. On pourrait ainsi les comparer aux rhapsodes grecs, aux bardes celtiques, aux troubadours du sud de la France ou aux trouvères qui exerçent leurs talent en France entre le XIe et le XIVe siècles, aux ménestrels, ou aux Minnesänger allemands.
Au Japon, société moderne très attachée à ses traditions, les geishas peuvent être considérées comme des conteuses.
En Arménie, les conteurs, ambulants-professionnels, participaient à toutes les festivités du pays. C’est ainsi qu’a circulé la tradition orale. On les appelle gousani.
Mais le rôle du conteur ne se réduit pas à une fonction de « conservation du patrimoine », étant donné que chacun imprime à son récit sa patte propre.
Aspects juridiques des pratiques du conte, en France
Alors que l’on s’interroge encore pour savoir si le conte est un art, une cour a statué en annexant au code du travail une liste faisant figurer les conteurs parmi les artistes du spectacle. En France, l’artiste-conteur est un travailleur salarié. Il bénéficie à ce titre de la présomption de salariat et des droits sociaux et de formation qui y sont liés. Ce qui caractérise un spectacle professionnel, c’est la rémunération. Les programmateurs se réfèreront donc aux contrats et aux obligations relatifs du spectacle vivant.
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