Fable (Fabuliste) – Fiche métier

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Fable (Fabuliste)

Fable

Illustration de Grandville pour le Loup et le chien de Jean de La Fontaine.

 

Illustration de Grandville pour le Loup et le chien de Jean de La Fontaine.

La fable est un court récit écrit plutôt en vers qu’en prose et ayant un but didactique. Elle se caractérise généralement par l’usage d’une symbolique animale, des dialogues vifs, et des ressorts comiques. La morale est soit à extraire de l’implicite du texte, soit exprimée à la fin ou, plus rarement, au début du texte. Les fables les plus caractéristiques comportent un double renversement des positions tenues par les personnages principaux.

 

Historique

La fable était déjà pratiquée en Mésopotamie, près de deux-mille ans avant notre ère. Des tablettes provenant de bibliothèques scolaires de l’époque racontent brièvement des histoires de renard flatteur, de chien maladroit, (« Le chien du forgeron, n’ayant pu renverser l’enclume, renversa le pot d’eau »), d’éléphant présomptueux (« Un moustique s’étant posé sur le dos d’un éléphant lui demanda si son poids lui était supportable ou s’il devrait plutôt s’envoler »). Beaucoup de ces textes montrent une grande affinité avec les proverbes et ont une construction antithétique (« Ce que tu as trouvé, tu n’en parles pas ; mais ce que tu as perdu, tu en parles »). Toutefois, ils ne possèdent pas de morale explicite.

 

L’influence indienne

La fable a également connu un succès remarquable en Inde, avec le Pañchatantra. Originellement rédigé en sanskrit entre -300 et 570, ce recueil de fables indiennes connaîtra d’innombrables remaniements. L’une des versions dérivées s’intitule Hitopadesha ou L’Instruction utile. On y trouve le bestiaire habituel des fables : âne, lion, singe, serpent, etc. avec la différence que le chacal y joue le rôle du renard européen. Il influence l’Occident au terme d’un cheminement fort complexe. D’abord introduit en Perse et traduit en arabe sous le titre de Kalîla wa Dimna, il sera ensuite traduit en hébreu, puis en latin sous le titre Directorium humanae vitae en 1280. Pierre Poussines en fait une autre traduction en 1666 sous le titre Specimen sapientiae Indorum veterum. Une version persane sera à son tour traduite en français en 1644 sous le titre le Livre des lumières ou la Conduite des Rois, composée par le sage indien Pilpay, traduite en français par David Sahid, d’Ispahan, ville capitale de Perse, le nom du traducteur étant en fait un pseudonyme de Gilbert Gaulmin. Ces ouvrages inspirent à leur tour certaines fables de Jean de La Fontaine, notamment « L’Ours et l’Amateur des jardins » « La Laitière et le pot au lait », « La Tortue et les deux Cygnes » et « Les Poissons et le Cormoran ».

 

La fable dans l’Antiquité grecque

La première fable connue est « Le Rossignol et l’Épervier », que raconte Hésiode, aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C., dans les Travaux et les jours. On y voit un pauvre rossignol qui, pris dans les serres d’un épervier, lui fait la leçon. Cette fable vise à faire réfléchir sur la notion de justice, à l’aide d’un raisonnement antithétique où le personnage principal exploite outrageusement sa position de force.

La fable se développera surtout sous la plume d’Ésope, qui aurait vécu au VIe siècle avant notre ère et qui est considéré comme « le père de la fable ».

À l’époque classique, Socrate lui-même aurait consacré ses moments de prison avant sa mort à mettre en vers des fables d’Ésope. Il s’en serait expliqué de la façon suivante : « Un poète doit prendre pour matière des mythes […] Aussi ai-je choisi des mythes à ma portée, ces fables d’Ésope que je savais par cœur, au hasard de la rencontre. » (61b)

Démétrios de Phalère publie le premier recueil de fables historiquement attesté. Ce recueil, perdu, a donné naissance à d’innombrables versions. Une de celles-ci a été conservée sous la forme d’un ensemble de manuscrits datant probablement du Ier siècle de notre ère, appelée Augustana. C’est à cette collection que l’on se réfère lorsqu’on parle aujourd’hui des « fables d’Ésope ».

De la Grèce, la fable passe à Rome. Horace propose une remarquable adaptation du « Rat de ville et du Rat des champs » (Satires, II, 6) que certains critiques estiment supérieure à la version de Jean de La Fontaine. Il sera suivi par Phèdre qui va véritablement faire de la fable un genre poétique.

La vogue de la fable est grande dans le monde gréco-romain. Au IVe siècle, le poète romain Avianus en laisse une quarantaine, pour la plupart des adaptations de Phèdre mais dont plusieurs ne sont attestées nulle part ailleurs et sont fort bien construites.

 

Au Moyen Âge

La fable continue à se transmettre à travers tout le Moyen Âge sous des noms d’auteurs ou de collections qui ressemblent à des pseudonymes : Romulus, Syntipas, pseudo-Dosithée. Mais la qualité littéraire est alors délaissée au profit des moralités.

La thématique de la fable prend une singulière expansion avec le Roman de Renart, collection de récits dus à des clercs anonymes du XIIe siècle. Dans ces histoires inspirées d’Ysengrinus, œuvre latine du poète flamand Nivard de Gand, la lutte du renard contre le loup sert de prétexte à une vigoureuse satire de la société féodale et de ses injustices. La fable cède ici la place à une comédie animale où tout se tient.

Au XIIe siècle, Marie de France publie un recueil de 63 fables.

 

À la Renaissance

Illustration du Coq et le Regnard de Guéroult.

 

Illustration du Coq et le Regnard de Guéroult.

À la Renaissance, le genre des emblèmes fut très à la mode pendant tout le XVIe siècle. Après n’avoir désigné que la seule gravure, le sens du mot « emblème » va s’étendre pour s’appliquer également à la poésie qui lui sert de légende ou de commentaire. On écrit alors des livres d’emblèmes, à l’imitation de ceux d’Alciato, comme ceux de Guillaume Guéroult qui semble s’être spécialisé dans ce genre avec le Blason des Oyseaux (1551), les Hymnes du Temps et de ses parties (1560), les Figures de la Bible (1564) composés sur le même modèle d’une gravure accompagnée d’une courte pièce de vers. Au nombre des emblèmes de Guéroult dont le sujet a été repris par Jean de La Fontaine, on compte :

  • Le Coq et le Regnard ;*Le Singe et le Chat ;
  • L’Araignée et l’Hirondelle ;
  • La Cour du Lion ;
  • Les Animaux malades de la peste ;
  • L’Astrologue qui se laisse tomber dans un puits

 

Après Jean de La Fontaine

Le Corbeau et le Renard.

 

Le Corbeau et le Renard.

En France, le succès prodigieux des fables de Jean de La Fontaine inspire bien des vocations : du grand seigneur au commis, en passant par le magistrat, le curé ou le marchand, tout un chacun s’essaie alors au genre de la fable. Le jésuite François-Joseph Desbillons, professeur, en produit cinq cent soixante. Boisard publie un recueil qui en contient mille et une. Jean-Pons-Guillaume Viennet publie en 1843 les fables qu’il a écrites pendant toute sa vie. Même Napoléon Bonaparte, avant d’être sacré empereur, en compose une, jugée assez bonne à l’époque.

Tous ces auteurs sont retombés dans l’oubli. Un seul nom a survécu durablement au côté de celui de La Fontaine ; celui de Florian (1755-1794). Son recueil compte une centaine de fables. Celles-ci sont orientées soit vers une morale politique, soit vers une morale privée. Ce dernier auteur s’inspire parfois de l’Anglais John Gay ou de l’Espagnol Tomás de Iriarte y Oropesa. Au XIXe siècle, la fable ne sera guère plus pratiquée. En Russie, toutefois, Ivan Krylov en fera son genre de prédilection.

 

Schéma narratif

La fable classique repose sur une double structure. Dès le titre, on trouve une opposition entre deux personnages dont les positions subjectives sont dissemblables : l’un est placé en position haute et l’autre en position basse. Grâce à un évènement narratif imprévu, celui qui était en position haute se retrouve en position basse et vice versa. Ce schéma est désigné par Christian Vandendorpe comme « un double renversement.[1] » Ce schéma, qui se retrouve dans des dizaines de fables (souvent les plus populaires), permet de « bloquer » la compréhension et de véhiculer une moralité claire.

Comme le dit Hegel, « La fable est comme une énigme qui serait toujours accompagnée de sa solution[2]. »

Même si la fable n’a plus la popularité qu’elle a connue, le schéma qui en fait la force se retrouve dans le fait divers[3] et dans la légende urbaine[4].

 

La fable théâtrale

Pour Aristote, la fable est l’un des six éléments de la tragédie, avec les caractères, le chant, l’élocution, la pensée et le spectacle. La fable tragique est l’enchainement des actions et des faits exposés, formant la narration. Autrement dit, dans le langage cinématographique, le scénario.

 

Les fables au XXe siècle

Après la guerre, le poète et écrivain Jean Anouilh publia en 1961 un recueil de Fables qui se vendit à des milliers d’exemplaires et qui resta comme l’un des meilleurs recueils de fables du XXe siècle.