Graphisme
Le graphisme est une discipline qui consiste à créer, choisir et à utiliser des d’éléments graphiques (dessins, caractères typographiques, photos couleurs…) pour élaborer un objet de communication et/ou de culture. Chacun des éléments est symbolique et signifiant dans la conception du projet, selon les axes définis éventuellement avec d’autres intervenants du domaine de la communication, dans le but de promouvoir, informer ou instruire.
«Le design graphique peut être défini comme le traitement formel des informations et des savoirs. Le designer graphique est alors un médiateur qui agit sur les conditions de réception et d’appropriation des informations et des savoirs qu’il met en forme.» [1]
Selon ses domaines d’intervention (illustration, affiche, communication d’entreprise, presse, édition, packaging, publicité, web design, signalétique, identité visuelle etc.), il fait partie de la chaîne graphique liée à l’imprimerie ou à d’autres médias.
Bien qu’aujour’hui le terme design graphique soit parfois jugé trop vague par certains (particulièrement en France et en Suisse), il devient de plus en plus populaire dans les pays de la francophonie[2] et est généralement préféré au terme graphisme au Québec[3] [4] et dans le Canada francophone[5].
Les premiers pas
Page de la bible de Gutenberg, deux colonnes, 42 lignes.
Page d’ouverture du livre The Life and Death of Jason de William Morris, 1895.
Bien que les termes « graphisme » et « design graphique » soient des inventions du XXe siècle, l’histoire du graphisme suit celle de l’humanité depuis les grottes de Lascaux jusqu’aux néons publicitaires du quartier Ginza à Tokyo. Depuis les débuts du graphisme jusqu’à aujourd’hui, où la communication visuelle est devenue omniprésente, il a toujours été délicat de tracer la ligne de distinction qui sépare le graphisme de la publicité et de l’art, avec lesquels le graphisme partage certains principes, théories, pratiques ou langages. Un début de réponse pourrait être de définir la publicité comme étant une pratique dont le but final est la vente de produits et de services tandis que le graphisme cherche à ordonner l’information, à donner forme à des idées et à communiquer des émotions à travers des objets graphiques.
Les peintures des grottes Lascaux (en Dordogne, 18 000 et 15 000 ans avant JC) et la naissance de l’écriture (en Mésopotamie à Sumer, vers 3500 avant notre ère) peuvent être considérés comme des éléments fondateurs de la communication visuelle. Par la suite, ce qui deviendra le graphisme va suivre l’évolution humaine et en particulier celle de l’écriture, puis celle de la diffusion des images.
Durant une période qui va de 700 av JC jusqu’à la fin des années 70 du XXe siècle, l’histoire de l’imprimerie et des écritures typographiques va correspondre avec une expression graphique essentiellement construite autour de la lettre : l’écriture phénicienne (1200-1100 avant notre ère), la capitale romaine, puis la minuscule carolingienne (ou Caroline), la calligraphie gothique puis la typographie gothique utilisée par Johannes Gutenberg (vers 1440). La Bible qu’il réalisa en 1444-1445 à Mayence est la première grande œuvre réalisée avec cette nouvelle technologie qu’est l’impression par caractères métalliques mobiles. Son invention permettra une diffusion plus large des livres, ce qui était jusqu’ici impossible. Alde Manuce, lui, est considéré comme un imprimeur de la deuxième génération, il développera un style et une structure pour ses livres qui reste encore aujourd’hui d’actualité. Cet époque est souvent définie comme humaniste à cause de l’emploi pendant la Renaissance italienne d’une écriture manuscrite ronde (issue de la Caroline) que nous appelons écriture humanistique. Par la suite le graphisme connaîtra une évolution lente au gré des évolutions techniques et culturelles, plus que de significatifs changements.
Au début du XIXe siècle, la popularisation de la lithographie va libérer le dessinateur professionnel de toute contrainte formelle : la fantaisie créatrice va pouvoir s’exprimer. À la fin du XIXe siècle, on verra un effort, en particulier au Royaume Uni, pour créer une distinction entre les arts et les arts appliqués. En effet, de 1891 à 1896 William Morris publia les livres les plus significatifs en matière d’art graphique du mouvement Arts and Crafts (littéralement Arts et artisanats) et en les vendant, prouva qu’il y avait un marché pour des œuvres graphiques, aidant ainsi à son émancipation. En France et en Belgique, William Morris inspirera notamment la mouvance Art Nouveau puis Art Déco.
Époque contemporaine
Au XXe siècle, l’industrialisation, la société de consommation, l’émergence de nouveaux médias, du marketing et de la publicité, mais aussi l’apparition de disciplines connexes (design et architecture) favorisent l’émergence d’un nouveau type d’emplois spécialisé dans la création graphique pour valoriser les outils de communication. Le graphiste devient alors celui qui formalise et clarifie un message de communication, puis qui le met en page graphiquement. Mettant tour à tour son intellect puis sa créativité graphique au service d’une commande, « le graphiste » est alors moins considéré comme un artisan. En 1950 l’Alliance graphique internationale est fondée à Bâle, dès cette époque puis dans les années 1960 et 1970, avec le développement de la publicité, quelques affichistes se rendent célèbres comme Cassandre, Savignac, Villemot, Jacno, etc. Les affiches sérigraphiées de mai 68 sont celèbres. Plus tard quelques graphistes sont reconnus en tant qu’artistes : Roman Cieslewicz ou Grapus pour l’affiche politique, Jean Widmer pour l’Identité visuelle. D’Andy Warhol à Bazooka, c’est dans le contexte contemporain que la discipline et le terme graphisme se popularise, tout comme le design, la bande dessinée ou la vidéo.
En grande et petite bibliophilie apparaissent en France à partir de 1945 des maquettistes et graphistes qui vont renouveler le livre à partir de recherches typographiques, d’audace de mise en page et d’utilisation de la couleur. Au sein du Club francais du livre et des « clubs » rivaux le chef de file est Pierre Faucheux, on citera encore Massin, Jacques Daniel, Jacques Darche.
Enseignement
Le terme de graphiste correspond à un cursus précis dispensé dans des écoles qui préparent aux différents métiers du graphisme. Connaissance de la typographie, de l’usage des signes et des images, de l’art de la mise en page, composent les bases de l’enseignement qui peut se voir compléter par des spécialisations dans le domaine de l’imprimé (édition…), de l’interactivité (web, multimédia), voir de l’illustration ou encore de l’animation (motion design).
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