Homéopathie (Homéopathie) – Fiche métier

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Homéopathie (Homéopathie)

Homéopathie (Homéopathie)

L’homéopathie ou homœopathie (du grec όμοιος / hómoios, « similaire » et πάθος / páthos, « souffrance ») est une méthode thérapeutique controversée dont les bases ont été posées en 1796 par le médecin saxon Samuel Hahnemann (1755-1843) et formalisées dans son Organon der Heilkunst en 1810.

 

Samuel Hahnemann, théoricien de l'homéopathie

Samuel Hahnemann, théoricien de l’homéopathie

 

Les bases

Les bases, fixées par Samuel Hahnemann, doivent respecter trois règles :

  • Le principe de « similitude » : la cure d’un ensemble de symptômes est apportée par une substance (végétale, minérale ou animale) qui provoque des symptômes semblables chez un sujet sain.
  • L’« adaptation » du traitement au patient : l’application du principe de similitude, puis sa vérification, ont lieu chaque fois que la recherche du remède le plus semblable a été effectuée de manière consciencieuse par le praticien. Chaque traitement est personnalisé à chaque patient, quel que soit le nom de la maladie, la recherche de la « totalité » des symptômes présentés par le patient étant au centre de la méthode. Elle explique la longueur du dialogue entre le médecin et le patient. L’étape d’observation des symptômes provoqués par une substance chez l’individu sain, qui précède toujours l’application du principe de similitude, et sa retranscription correspond à l’établissement d’une pathogénésie.
  • La « dynamisation » : la préparation est diluée puis secouée (succussions), plusieurs fois de suite.

L’homéopathie s’oppose à l’allopathie, terme également inventé par Hahnemann et, qui désigne tout traitement médicamenteux qui ne s’appuie pas sur la similitude lors du choix thérapeutique, mais sur le « principe des contraires ». Ainsi, la phytothérapie est une méthode de soin allopathique. Néanmoins, les notions de « principe des contraires » ou « principe de similitude » ne possèdent pas de fondements scientifiques ou même empiriques. L’adjectif correspondant est « homéopathique » et la personne appliquant cette méthode est un « homéopathe ». Par glissement sémantique, « homéopathique » désigne souvent dans le langage courant une dose minime d’un produit, par comparaison avec les caractéristiques actuelles de l’homéopathie, alors que la signification originelle du terme homéopathie est traiter par similitude.

 

Efficacité thérapeutique de l’homéopathie

L’efficacité thérapeutique de l’homéopathie a-t-elle un effet autre que l’effet placebo ? Voir à ce sujet la controverse :

  • Pour ses partisans, son efficacité est démontrée par les résultats obtenus sur les patients et lorsque la similitude est respectée, par les études cliniques respectant l’individualisation ;
  • Pour ses opposants, aucune étude clinique n’a réussi à établir un effet thérapeutique de l’homéopathie significativement supérieur à celui d’un placebo et, ils remettent aussi en cause la fiabilité des études positives . En France, l’Académie de médecine dénonce une « méthode obsolète », figée depuis plus de deux cents ans et incapable de faire la preuve de son efficacité[3]. Il en va de même pour le Collège des médecins du Québec, pour lequel l’homéopathie n’a jamais prouvé de façon quelconque son efficacité, même face à un placebo.

Les procédés utilisés en homéopathie sont fortement sujets à controverses, en particulier sur la mémoire de l’eau et l’utilisation des dilutions extrêmes, ainsi que des granules de sucre :

  • Pour la quasi-totalité des scientifiques, aucun processus ne permet d’expliquer le mode d’action éventuel de l’homéopathie au delà de l’effet placebo, classant ainsi l’homéopathie dans les pseudo-sciences médicales ;
  • Pour d’autres, des approches des fondements de l’homéopathie peuvent être fournies par des études expérimentales (maintenant prouvées fausses) qui ont donné lieu à la formulation d’hypothèses comme celle de la mémoire de l’eau. La validité de ces théories étant toujours débattue (le phénomène de « mémoire de l’eau » soutenu, en particulier par Jacques Benveniste s’étant avéré non reproductible, voire faisant soupçonner une fraude scientifique).
  • La notion de générique, concernant les médicaments homéopathiques, est irréalisable du fait même que le médicament homéopathique n’est absolument pas associé à une molécule active, mais à une dynamisation des molécules d’eau contenues dans des granules de sucre séchés après avoir été aspergés avec l’« eau dynamisée ».
  • « En général, il est incroyable combien ce médicament, de même que tout autre, perd de sa force lorsqu’on le fait prendre sur du sucre, par exemple, ou qu’après l’avoir instillé dans une liqueur, on ne remue pas celle-ci. Mais il ne faut pas non plus, après avoir remué la dose, la laisser plusieurs heures sans l’administrer : le véhicule, ainsi tranquille, subit toujours quelque peu de décomposition, ce qui affaiblit ou même détruit les médicaments végétaux mêlés avec lui. » Cette citation de l’inventeur lui-même de l’homéopathie montre que la pratique homéopathique moderne est bien éloignée des préconisations d’Hahnemann.

 

Histoire de l’homéopathie

Histoire de l’homéopathie :

Utilisé dès l’Antiquité, le principe de similitude fut redécouvert par Samuel Hahnemann lorsqu’il réalisa que l’écorce de quinquina provoquait les mêmes symptômes que la « fièvre tierce ». Après avoir posé les bases de l’homéopathie dans un essai en 1796, c’est en 1810, avec « Organon der heilkunst » (Organon de l’art de guérir) qu’il finalisa sa théorie. Dans les années 1830, l’homéopathie commença à se répandre en France telle une religion dont l’Organon serait le texte sacré, mais aussi aux États-Unis. Les pharmaciens refusant de produire ces prétendus remèdes, les disciples d’Hahnemann durent les fabriquer eux-mêmes.

À la mort d’Hahnemann, en 1843, l’homéopathie déclina en Europe et, ce n’est qu’au début du XXe siècle, avec l’apparition des premiers laboratoires, qu’elle commença son histoire industrielle et sa large diffusion auprès des patients.

 

Principes de l’homéopathie

L’homéopathie est construite sur un principe et ses corollaires formulés ensemble par Hahnemann à la fin du XVIIIe siècle.

 

Principe de similitude

L’homéopathie repose sur le principe de similitude formalisé par Hahnemann après l’observation de l’effet de l’écorce de quinquina : le paludisme s’accompagne de fièvre et l’écorce de quinine quinquina à forte dose provoque une intoxication également accompagnée de fièvre, Hahnemann a supposé que celle-ci activait un mécanisme de défense contre la fièvre, quelle qu’en fût la cause.

C’est lors de la généralisation de sa théorie à d’autres maladies, que les effets néfastes provoqués l’ont contraint à baisser les doses en pratiquant des dilutions. À son grand regret, la dilution classique, si elle diminuait les effets toxiques, effaçait également les effets pharmacologiques. Il découvrit alors la méthode de la dynamisation, qui, de manière surprenante selon ses propres dires, conservait et modifiait les effets pharmacologiques de la substance.

En ce sens, si la pommade à l’arnica agit dans de nombreux cas de traumatismes, c’est simplement parce qu’elle est « homéopathique » du syndrome « traumatisme ».

Le cas de l’Oscillococcinum, des laboratoires Boiron, est plus complexe. Le médicament a été conçu par Joseph Roy selon les principes de l’homéopathie, par dynamisation d’oscillocoques, un microbe que Roy prétendit découvrir dans divers cas d’infection et en particulier dans des cas de grippe. L’existence de l’oscillocoque n’a jamais été confirmée et les observations de Roy n’ont jamais été reproduites. De ce fait, Oscillococcinum est simplement une préparation à base d’autolysat filtré de foie et de cœur de Anas barbariae (canard de Barbarie) dynamisé à la 200e K, pour laquelle il n’existe pas de pathogénésie complète. Selon certains homéopathes, Oscillococcinum n’est donc généralement pas prescrit de façon homéopathique. Son mode de fabrication s’apparente cependant à celui d’autres remèdes homéopathiques et il possède généralement, dans les pays où il est commercialisé, le statut officiel de médicament homéopathique.

 

Adaptation du soin au patient

Ce corollaire découle du principe de similitude, énonce qu’il n’y a pas de soin universel d’une maladie, d’un symptôme, et qu’il faut adapter le soin en fonction du patient. Il s’agit là de ce qui est couramment nommé « individualisation ».

L’homéopathe analyse les symptômes spécifiques présentés par le patient dans sa globalité et non pas seulement les symptômes classiques de sa maladie. Une pratique ne reposant pas sur cette analyse des symptômes spécifiques du patient n’est pas en droit de se réclamer de l’homéopathie au sens de Hahnemann.

De ce fait, les mélanges de substances diluées, telles un antigrippal et un sédatif, ne sont pas utilisés dans les spécialités homéopathiques.

Les substances vendues librement pour des traitements symptomatiques ne respectent pas cette individualisation, puisqu’elles sont présentées comme pouvant traiter le symptôme quelle que soit la personne. Cet argument ad absurdum est utilisé par la communauté scientifique pour prouver la fraude qu’est l’homéopathie.

 

La dynamisation (dilution associée à la succussion)

L’effet des substances dépend de la quantité administrée ; Paracelse disait d’ailleurs en substance que « c’est la dose qui fait le poison ». Par exemple, en thérapeutique classique, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont, selon la dose, antalgiques ou anti-inflammatoires. Notons que ce n’est pas la dilution en soi qui produit cet effet, mais bien la dose finale ; la dilution ne sert qu’à diminuer la dose administrée.

Les expérimentations d’Hahnemann lui auraient montré que le fait de secouer la solution après chaque dilution permettrait de conserver une certaine efficacité thérapeutique ; cependant, il proscrit l’emploi de sucre pour administrer ses préparations qu’il conseille d’administrer liquide juste après les avoir préparées et sans les laisser reposer. Cette succussion n’aurait pas pour but de bien mélanger la solution avant de la diluer à nouveau, mais de produire des chocs sans lesquels les qualités thérapeutiques du remède homéopathique n’apparaîtraient pas. Ce procédé, sans lequel les dilutions seraient peu ou pas actives, a été nommé « dynamisation » par Hahnemann. Quelques études récentes tendraient à montrer que la présence d’air lors de la dynamisation serait indispensable pour qu’un effet thérapeutique puisse persister à très faible dilution.

Le solvant, le plus souvent l’eau et l’alcool, est utilisé pour effectuer des dilutions successives, au dixième (DH) ou le plus souvent au centième (CH) d’une solution de teinture mère. La dilution d’une solution de teinture mère dans 99 volumes de solvant est une dilution d’une centésimale hahnemannienne (1 CH, c’est-à-dire un taux de 0,01, ou encore 1%), la dilution au centième de celle-ci est une dilution de 2 CH (soit au dix millième T = 0,000 1 = 10-4, ou encore 0,01%). Une dilution de n CH est une dilution de 10-2 × n ; 3 CH représente un millionième, 6 CH un billionième…

Les dilutions courantes en France vont jusqu’à 30 CH, le taux de dilution est donc de 10-60. Dans de nombreux pays sont utilisées des dynamisations et dilutions allant jusqu’à 200 CH. Pour donner une idée plus juste

  • Une goutte d’eau (environ 0,05 mL) dans le lac Léman (88 900 millions de m3) représente une dilution d’environ 6-19, soit l’équivalent de 10 CH ;
  • Une dilution à 40 CH correspond à 1 molécule d’une substance-mère dans une masse de solvant supérieur à la masse totale de l’univers (la quantité totale d’atomes de l’univers est estimé à 1080 atomes).

Les substances insolubles sont triturées dans du lactose jusqu’à obtention du seuil de solubilité permettant de préparer la première dilution liquide. Le reste des opérations suit le même procédé que pour les substances solubles.

 

La dynamisation de Semen Korsakov

Le Russe Semen Korsakov est l’auteur d’un système de dilution différent, qui porte son nom. Au lieu de changer de flacon à chaque dynamisation, ce procédé vide simplement le flacon après chaque dynamisation, en considérant qu’il demeure environ un centième du volume initial (ce qui est probablement approximatif). Cette méthode a permis d’automatiser le procédé, et a conduit à l’obtention de dynamisations très poussées, jusqu’à un million de fois (MM Korsakov). En réalité, si le nombre de secousses auxquelles a été soumise la préparation est très élevé (100 millions de coups pour la MMK), la dilution est fortement modifiée, parfois beaucoup plus faible que celle attendue et strictement non mesurable.

Appliquée à des substances radioactives bêta, on a compté avec la dynamisation hahnemannienne le nombre d’électrons émis. L’expérience a montré qu’il n’y a plus de radioactivité au-delà de 12 CH. Celle-ci persiste pour une dynamisation korsakovienne de 3000K. Ceci montrerait que la dilution korsakovienne est beaucoup moins poussée que ce que Korsakov lui-même pensait. Cela s’explique probablement par l’interaction entre la substance à diluer et la paroi : les molécules peuvent s’accrocher fortement à la paroi, et le volume n’est alors pas pertinent (le relargage en solution n’est pas proportionnel au volume qui est passé dans le flacon, mais à l’efficacité du lavage de la paroi, c’est-à-dire qu’il n’est pas exponentiel mais logarithmique par rapport au nombre de passage).

Inversement, si les molécules actives n’ont aucune affinité avec la paroi, cet effet est négligeable et on retombe sur le cas de la dilution hahnemannienne. L’eau étant le meilleur des solvants, dès que l’eau est contenue dans un récipient ou passe dans un conduit, elle détache quelques molécules de la paroi. La pureté de l’eau nécessaire aux dilutions homéopathiques n’existe pas. Passé le cap de 10 CH, les impuretés du solvant sont des millions de fois plus concentrées que la substance-mère de départ. Ces impuretés donnent aussi leur « empreinte » lors des succussions subséquentes, ce qui fait que, quelle que soit la substance-mère de départ… on obtient toujours la même chose à 30 CH : une solution constituée d’eau avec les impuretés de l’eau utilisée et où les composants dilués sont les matières sèches énumérées sur la constitution de toute eau sans trace de la substance supposée active.

 

Les remèdes homéopathiques

Liste des remèdes homéopathiques.

Les remèdes homéopathiques peuvent être fabriqués à partir de composés chimiques, de plantes, de champignons ou d’animaux.

 

Formes pharmaceutiques en homéopathie

Tube de granules de Ledum palustre à 15 CH

Tube de granules de Ledum palustre à 15 CH

  • Formes solides : la solution diluée au CH voulu, et dynamisée, est utilisée pour imprégner :
    • Des granules, de la taille d’une tête d’allumette, en tube multi doses, selon la prescription : deux à quatre granules, plusieurs fois par jour, ou à intervalles ou heure fixes ;
    • Des globules de saccharose présentés en tube contenant une dose unique; les globules sont environs dix fois plus petits en volume que les granules.
      Globules

      Globules

    • De la poudre en flacon ou sachet doses.
  • Formes liquides
    • Gouttes (en flacon) – généralement des teintures mères de plantes ;
    • Ampoules buvables.
  • Formes semi-solides
    • Suppositoires
    • Liniments, onguents et pommades (exemple : homéoplasmine)

Les granules et globules sont la forme pharmaceutique la plus utilisée en homéopathie. Ils sont utilisés par voie sublinguale, en laissant fondre sous la langue.

  • Homéopathie injectable
    Les laboratoires homéopathiques réclament la possibilité de commercialiser des médicaments homéopathiques sous forme injectable. Cette nouvelle forme pharmaceutique a pour l’instant été refusée. Par exemple en France, sur la base d’absence d’étude d’efficacité et du réel danger de cette voie d’administration .

 

Utilisation dans le monde

La popularité de l’homéopathie est surtout remarquable en France, ce pays assurant 80% du marché des médicaments homéopathiques. L’emploi de cette méthode en tant que médecine est attesté dans quatre-vingts pays, principalement en Europe, en Amérique du Sud, en Inde, au Bangladesh et au Pakistan.

En Grande-Bretagne, cinq hôpitaux sont utilisateurs de traitement homéopathique. Six universités organisent un enseignement de cette matière validé par un diplôme (« Bachelor of Science ») même si cette pratique est contestée.

En Inde exercent près de 250 000 homéopathes traitant près de 10% de la population indienne avec ces seuls produits.

L’association humanitaire « Homéopathes sans Frontières » travaille sur la prise en charge de malades dans les pays pauvres, notamment en Afrique, et également pour la formation des soignants locaux.

 

Homéopathie vétérinaire

Dès 1833, l’homéopathie est utilisée pour traiter les animaux domestiques ou de ferme. L’homéopathie vise les pathologies courantes : dermatoses, problèmes de lactation, de comportement sexuel, de croissance, de mise bas, pathologies de l’appareil locomoteur, pathologies respiratoires, pathologies digestives… Elle est généralement divisée en deux gammes selon la taille de l’animal.

Les traitements homéopathiques peuvent être utilisés seuls ou en complément d’un traitement traditionnel.

Les normes de l’agriculture biologique restreignent l’usage de l’allopathie et conseillent d’utiliser l’homéopathie (et d’autres traitements dits naturels comme la phytothérapie) avant tout .

 

Situation légale

L’homéopathie est couverte par des réglementations assez différentes selon les pays.

L’Espagne et l’Italie considèrent comme la France que l’exercice de l’homéopathie relève de la médecine et exigent donc que les homéopathes possèdent une formation de médecin classique.

Au Brésil, l’homéopathie est une spécialité médicale reconnue au même titre que les autres depuis 1992. Tout médecin peut donc se spécialiser en homéopathie.

En Allemagne (comme en France), certains remèdes homéopathiques peuvent être prescrits, comme d’autres médicaments, par des professionnels de santé non-médecin comme les dentistes, les sages-femmes ou les kinésithérapeutes.

Au Bangladesh, l’exercice de la médecine traditionnelle (qui inclut entre autres l’homéopathie) est toléré en l’absence de diplôme.

Dans certains pays, les remèdes homéopathiques sont remboursés par les mécanismes d’assurance maladie, au même titre que les autres médicaments (c’est le cas en France, par exemple). Dans d’autres pays, comme l’Allemagne (depuis 2003), l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, l’Italie, la Norvège et la Suède, l’homéopathie n’est pas prise en charge par les systèmes de santé.

Les préparations homéopathiques sont en général en vente libre sans ordonnance (automédication). Dans certains pays, leur vente est réservée aux pharmacies, comme pour les médicaments.

En Europe, l’homéopathie est un produit devant obtenir une autorisation de mise sur le marché, bien qu’il puisse être dispensé d’étude clinique préalable. L’homéopathie est décrite à la pharmacopée européenne.

 

En France

L’exercice de l’homéopathie en tant qu’homéopathe est considéré comme relevant de la médecine. Un homéopathe est donc nécessairement un médecin. Il peut avoir un diplôme universitaire d’homéopathie délivrée par les facultés de pharmacie, mais ce n’est pas une obligation légale. L’exercice médical de l’homéopathie, auparavant toléré, est reconnu depuis 1997 par le conseil de l’ordre des médecins.

Comme certains médicaments, les remèdes homéopathiques peuvent être prescrits par des professionnels de santé non-médecin comme les dentistes, les sages-femmes ou les kinésithérapeutes.

Les remèdes homéopathiques sont vendus en pharmacie. Ils sont néanmoins en vente libre sans ordonnance. Suite à la transposition de la directive européenne en droit français, les préparations homéopathiques sont soumises à une autorisation de mise sur le marché (AMM), mais contrairement aux médicaments allopathiques, la demande peut ne pas comporter d’étude clinique.

Les médicaments homéopathiques, bien que bon marché, ont subi les restrictions sur les dépenses de santé et leur taux de remboursement a été baissé à 35%.

 

Au Canada

En 2003, le contexte réglementaire fédéral a changé : l’homéopathie entre dans la catégorie des produits de santé naturels tout en gardant un numéro d’enregistrement (DIN).

 

Dangers de l’homéopathie

Les médicaments homéopathiques sont généralement considérés comme dépourvus d’effet secondaire. Cependant, certaines formes, en particulier les granules, contiennent des excipients à effet notoire (lactose, saccharose) ; les personnes ayant une intolérance à ceux-ci doivent donc prendre des précautions.

Comme tout médicament, les remèdes homéopathiques ont des indications précises. Toute utilisation selon des principes n’obéissant pas strictement aux règles de l’homéopathie, outre qu’elle sera vouée à un échec thérapeutique ou à une rechute rapide, peut donc conduire à l’aggravation de la maladie. Par exemple, certains homéopathes déconseillent vivement la prise d’Hepar Sulfur lors d’une otite : selon ces auteurs, une aggravation de la maladie du patient, pouvant aller jusqu’à l’abcès du cerveau, est possible lorsque la technique homéopathique est mal maîtrisée. Mais, outre la prescription d’un remède inadapté, le choix de la dilution peut être lui-même responsable d’une réaction intempestive : cela s’observe fréquemment avec Sulfur, remède censé ramener les maladies profondes vers la peau (à un niveau pathologique supposé donc moins grave) et peut exacerber notablement ou provoquer des affections cutanées, notamment des eczémas, s’il est administré d’emblée à de hautes dilutions à un sujet sensible (sujet sensible signifiant que le patient correspond bien aux critères du remède).

Ces affirmations, en provenance de ceux qui connaissent la méthode homéopathique, et qui s’en méfient, sont considérées par de nombreux détracteurs de l’homéopathie comme inexactes, car elles auraient, selon eux, entraîné une régulation plus rigoureuse de la distribution de ces médicaments.

Cependant, le plus grand danger de l’homéopathie vient du fait que ces traitements peuvent retarder, ou faire ignorer, des soins médicaux valables. Cette absence de soins appropriés peut alors avoir des conséquences graves pour le malade.

Récemment, l’emploi de l’homéopathie pour se prémunir contre la Paludisme a eu des conséquences graves.

 

Controverses

Les controverses sur l’homéopathie portent essentiellement sur deux questions :

  1. l’homéopathie a-t-elle un effet supérieur à celui d’un placebo ?
  2. les solutions fortement diluées (presque toutes celles de la pharmacopée homéopathique) peuvent-elles avoir un effet biologique, alors que la chimie nous apprend qu’à ces dilutions, il n’existe plus aucune molécule de la teinture mère ?

 

Au sujet de l’efficacité de l’homéopathie

Les médecins homéopathes et les sympathisants indiquent que des millions de patients et de nombreux médecins dans le monde en font un usage régulier, et constatent un effet positif. Ils précisent également que les homéopathes utilisent depuis Hahnemann des placebos qui leur permettent d’éviter de donner une substance active à des patients malgré tout anxieux, qui ne comprendraient pas qu’on ne leur prescrive qu’une prise par mois par exemple. Les pathogénésies ont rapidement été effectuées en simple, puis en double aveugle.

Une majorité des médecins non homéopathes, de nombreux scientifiques et les opposants ne reconnaissent aucune valeur particulière aux médicaments homéopathiques. Ils considèrent que les récentes méta-analyses prouvent que l’homéopathie ne possède pas d’effets supérieurs à celui d’un simple placebo.

Ce qui est certain, c’est que l’effet placebo n’était pas connu avant l’homéopathie et que Hannemann est en quelque sorte le découvreur de l’effet placebo.

 

Études cliniques

Actuellement, la réglementation française impose que l’efficacité d’un médicament soit prouvée par des essais cliniques réalisés en double aveugle : l’effet du médicament est comparé à celui de son placebo ou d’un médicament existant, sans que le médecin ni le patient ne sachent lequel est prescrit.

Pendant longtemps, arguant du principe d’adaptation au patient, les homéopathes ont rejeté la méthodologie ordinaire de test d’efficacité (en effet, le test en double aveugle est basé sur la constitution d’un groupe de patients présentant la même maladie, alors que l’homéopathie entend soigner des patients et non traiter des maladies). Cela subsiste dans l’attitude des homéopathes qui estiment que les études cliniques, négatives comme positives, ne reflètent en rien la pratique de l’homéopathie, car elles ne respectent pas le principe de l’individualisation du remède : ces homéopathes considèrent donc qu’elles ne permettent de tirer aucune conclusion sur l’efficacité réelle des remèdes homéopathiques qu’ils prescrivent.

En théorie, une méthodologie de test équivalente et adaptée à l’homéopathie est possible, cependant elle est plus difficile à mettre en œuvre. Le principe d’adaptation du soin au patient est en effet au cœur de l’homéopathie, de sorte qu’on ne peut pas constituer à l’avance un lot de patients qui doivent tous être traités de la même façon. On peut imaginer cependant une comparaison des effets de l’homéopathie comme méthode thérapeutique par rapport à un placebo, en laissant à un panel d’homéopathes le choix du traitement homéopathique à administrer à chaque patient, celui-ci étant remplacé par un placebo pour certains patients choisis aléatoirement (à l’insu des patients et des médecins, en accord avec le principe du double aveugle). On peut en outre, si le panel de patient est assez large et si on souhaite spécifiquement observer l’effet d’un produit homéopathique, analyser précisément les résultats pour les patients qui auraient dû recevoir ce produit (seul ou en association, toutes dilutions confondues). On peut éventuellement se limiter a priori à une maladie spécifique ou, comme précédemment indiqué pour une préparation homéopathique, s’intéresser a posteriori aux pathologies. Dans tous les cas, pour que les résultats soient statistiquement significatifs, il faut disposer au départ d’un grand nombre de patients, beaucoup plus grand que pour une étude classique, ce qui explique la difficulté de l’exercice.

Notons qu’en médecine comme dans toutes les sciences, chacun doit apporter la preuve de ses arguments. L’initiative est donc aux laboratoires.

Quoi qu’il en soit, un certain nombre d’études cliniques plus classiques ont été réalisées, certaines aboutissant à des résultats favorables, d’autres concluant à un effet comparable à celui d’un placebo. Cependant, les études favorables portent de façon assez systématique sur un petit nombre de patients (relativement aux tailles d’échantillon utilisées dans le cas des médicaments de la médecine conventionnelle). Ces études, bien qu’elles permettent d’affirmer l’existence d’un effet supérieur à celui d’un placebo, ne peuvent conclure à un effet très supérieur en terme quantitatif : même si la préparation homéopathique guérit plus souvent que le placebo, la différence d’efficacité est très faible. De plus, les études portant sur un petit nombre de patients sont plus sensibles aux erreurs de mesure que celles utilisant un grand nombre de patients : un diagnostic erroné parmi 10 patients peut suffire à changer totalement la conclusion de l’étude, contrairement au cas d’une étude basée sur 1 000 patients.

Étude de 1985 sur le rétablissement du transit intestinal après une opération intra-abdominale Une étude en double aveugle a été lancée en 1985 sous l’impulsion du Ministre des affaires sociales français Georgina Dufoix ; elle portait sur l’étude de l’opium et du raphanus sur le rétablissement du transit intestinal après une opération intra-abdominale, auprès de six-cents personnes. Certains homéopathes participèrent à ce travail (c’est même suite aux travaux de deux d’entre eux, les Pr Chevrel et Aulagnier, que fut choisi le modèle d’étude). Les résultats, publiés dans The Lancet en 1988, n’ont montré aucune différence avec le placebo. Pour certains homéopathes, ces résultats négatifs étaient prévisibles car l’étude ne respectait pas le principe de l’adaptation du traitement au patient qui est, selon eux, le plus important dans la méthode homéopathique.

Un groupe de huit chercheurs de nationalités suisse et britannique dirigé par le docteur Aijing Shang (département de médecine sociale et préventive, université de Berne) a effectué une analyse des publications médicales de 19 banques électroniques, comparant l’effet placebo à l’homéopathie et l’effet placebo à la médecine conventionnelle. Les résultats de cette étude ont été publiés dans The Lancet. Il ressort de cette analyse que

  • Les études portaient en moyenne sur 65 patients (de 10 à 1 573) ;
  • En moyenne, les études concernant la médecine conventionnelle démontraient une nette supériorité sur le placebo ;
  • À l’inverse, l’analyse ne met en évidence aucune supériorité de l’homéopathie sur l’effet placebo.

Ceci n’a pas surpris les opposants à l’homéopathie, qui incluent la majorité des scientifiques et des médecins (non homéopathes), ainsi qu’en témoigne le communiqué du 24/06/2004 de l’Académie de médecine française.

 

Remarque méthodologique

Pour mieux comprendre le débat sur l’efficacité de la thérapeutique homéopathique, il faut en fait prendre en compte deux méta-analyses publiées dans le Lancet.

Ainsi, en août 2005, le Lancet publie une méta-analyse de Aijing Shang et coll. dont la conclusion semble en effet trancher le débat sur l’efficacité des médicaments homéopathiques : « Les effets de l’homéopathie ne sont pas significativement différents de l’effet placebo ».

Mais une précédente méta-analyse publiée dans le Lancet en septembre 1997 par Klaus Linde et coll. concluait, elle, que « Les résultats de notre méta-analyse ne sont pas compatibles avec l’hypothèse selon laquelle les effets cliniques de l’homéopathie sont complètement dus à l’effet placebo. »

Nous sommes donc en présence de deux méta-analyses qui concluent, à quelques années d’intervalle, dans deux sens diamétralement opposés…

Il faut s’attarder un peu sur la méthodologie des recherches étudiées par ces méta-analyses. Les études retenues sont, pour la plupart, des études randomisées en double-aveugle et contre un placebo adaptées à la pharmacologie qui est l’un des piliers de la médecine conventionnelle.

L’un des paramètres des études randomisées conventionnelles est la nécessité de répartir les patients en groupes nosologiques (diagnostiques) bien définis : par exemple asthme, bronchite chronique obstructive, infarctus du myocarde, etc. selon des critères qui relèvent exclusivement du système étudié, ici la médecine conventionnelle.

Or, un des principes est l’adaptation au patient. Il est donc contraire aux principes de l’homéopathie d’étudier l’efficacité de tel ou tel remède pour l’« asthme », ou la « bronchite chronique ».

Toutes les études consacrées à l’homéopathie souffrent cependant de ce biais constitutionnel. Il n’est dès lors pas étonnant qu’elles donnent des résultats contradictoires, de même que les méta-analyses qui les reprennent.

Ces considérations sont développées dans un article publié en 2002 : « Médecine intégrative et recherche systémique sur les effets thérapeutiques : Enjeux de l’émergence d’un nouveau modèle pour les soins primaires ». Cet article relativise la pertinence des conclusions que l’ont peut tirer de ce type de méta-analyse, que ce soit en faveur ou en défaveur de l’homéopathie. Elles peuvent contribuer au débat sur l’homéopathie lequel, de toute évidence, est loin d’être clos, à la lumière de cette méta-méta-analyse.

 

Explication par l’effet placebo

Les études citées précédemment considèrent l’effet des médicaments homéopathiques comme de même niveau que celui du placebo auquel ils étaient comparés. Cela signifie en pratique qu’on observe dans certains cas une amélioration effective de l’état du patient mais que cette amélioration ne peut pas être reliée de manière probante au traitement en lui-même.

De nombreux scientifiques et médecins assimilent de ce fait l’homéopathie à un support de l’effet placebo : le simple fait de présenter un produit ou une méthode comme un traitement suffit à lui conférer réellement une efficacité. L’effet placebo est observé dans tout type de traitement, y compris conventionnel : par exemple, les antibiotiques conditionnés dans des gélules rouges sont plus efficaces, et on est soulagé par l’absorption d’une aspirine ou d’un cachet de paracétamol en l’espace de dix minutes alors que celui-ci est encore dans l’estomac.

Notons que l’effet placebo marche aussi sur les nourrissons et les animaux domestiqués.

Quels que soient les mécanismes (mal connus) en œuvre derrière cet effet, il est considéré par la majorité de la communauté scientifique comme une explication de l’efficacité de l’homéopathie (et, plus généralement, de toute méthode accordant une attention au sujet à traiter, y compris la consultation classique au cabinet médical). Pour certains homéopathes, l’effet placebo ne peut pas tout expliquer : par exemple les guérisons obtenues par des traitements faits à l’insu des malades. En l’absence d’études en double aveugle pour ces exemples, il est impossible de trancher car l’effet placebo peut jouer indirectement, par exemple en rassurant les parents d’un nouveau né ou l’éleveur des animaux traités, ce qui influence positivement les malades. Notons aussi que l’effet placebo peut aussi, dans ces circonstances, influer non pas le sujet mais bien sur l’observateur (on parle alors de « biais d’observation »). Par exemple, l’observateur donne des soins à son animal domestique et s’attend donc à un obtenir un résultat positif. Ses observations seront alors biaisées en fonction des attentes et l’observateur aura alors tendance à voir, subjectivement, une amélioration de l’état de l’animal simplement parce que c’est ce qu’il désire. Il s’agit d’une autre forme de l’effet placebo expliquant pourquoi des gens peuvent affirmer avoir obtenu des résultats satisfaisants d’un traitement sur des nouveaux nés, des animaux et même des plantes. Cet effet est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle seules les études en double aveugle sont considérées valables. L’observateur ignorant ce qu’il donne, son jugement ne sera plus biaisé en fonction du traitement donné.

 

Explication par la gestion de la relation patient / thérapeute

On a très tôt remarqué que les médecins homéopathes apportent une attention considérable à l’établissement d’une relation solide entre le patient et son thérapeute : de nombreuses études ont montré que le temps consacré à chaque patient peut largement être doublé par rapport à une consultation classique.

Pour les détracteurs de l’homéopathie, l’effet principal de celle-ci résiderait alors non pas dans le médicament, simple placébo, mais dans l’accompagnement médical lui-même. Un certain nombre d’homéopathes insistent eux-mêmes vivement sur l’importance de la conversation avec le patient qui permet de choisir le meilleur médicament homéopathique dans la panoplie existante, conversation qui, lorsqu’elle a lieu, pourrait expliquer une grande part de l’amélioration ressentie des symptômes.

Le développement de cette idée relationnelle, sans rapport avec l’homéopathie cette fois-ci, conduira aux groupes Balint.

 

Au sujet des principes de l’homéopathie

 

Dilution

Le médicament homéopathique est obtenu par une succession de dilutions d’une teinture mère. La plus utilisée, la dilution par 100 est notée CH pour centésimal hahnemannienne, et se comprend par la formule suivante : n dilutions CH = 100n = 102n dilutions soit une concentration en produit actif divisée par 102n. Par exemple : 12 CH = 1/1 000 000 000 000 000 000 000 000 ou 10-24 de la concentration initiale.

le calcul permet donc de prouver qu’à partir d’un certain nombre de dilutions, selon la préparation initiale, la solution ne contient statistiquement plus de molécules actives.

Cette absence de « molécule active » constitue l’argument fondamental des opposants à l’homéopathie pour contester la possibilité d’un effet autre que celui du placebo (constitué de sucre). D’un autre coté, l’homéopathie ayant été développée au XIXe siècle, aucune théorie n’existait pour expliquer son mode d’action. De ce fait, les laboratoires financèrent des recherches dans ce sens qui aboutirent sur la théorie de la mémoire de l’eau selon laquelle l’eau pouvait garder les propriétés des substances qu’on y a diluées même en l’absence de ces substances, proposée par Jacques Benveniste en 1988.

En outre, le domaine des dilutions extrêmes est pour le moins très délicat à appréhender et à maîtriser par les physico-chimistes spécialistes des ultra-traces. Ainsi, des erreurs méthodologiques grossières ont été remarquées dans les travaux du Dr Benveniste visant à prouver l’effet des hautes dilutions.

 

Succussion

Le fait de « dynamiser » une solution diluée en l’agitant (succussion) n’a pas de fondement scientifique et ne permet pas de prouver l’utilité thérapeutique d’une telle préparation. Le seul résultat de l’opération appelée « succussion » est d’homogénéiser et d’aérer le liquide. La solution hautement diluée peut être contaminée (érosion des parois du récipient, désorption, etc.) et rendre la composition des liquides obtenus imprévisible.

Notons cependant que le cytomètre en flux ne réalise par les opérations de succussion préconisées par les homéopathes. Si celles-ci ont un effet notoire sur les propriétés de la solution diluée, celui-ci ne sera pas observé par une dilution opérée par un cytomètre en flux.

On peut aussi noter qu’en pratique la pureté du solvant n’est jamais absolue. Les produits en solution dans ce solvant subissant le même traitement de dynamisation que le principe actif initial, il faut donc expliquer pourquoi ce cocktail n’a pas un effet sensible dans la préparation du médicament.

L’homéopathie moderne admet la nature moléculaire de la matière qui sous-tend le raisonnement indiqué au dessus (les théories moléculaires vérifiées expérimentalement sont postérieures à la formulation de l’homéopathie par Hahnemann). Elle a donc cherché à expliquer une efficacité en l’absence des substances initialement introduites dans la préparation, notamment en postulant que l’eau garderait une mémoire des solutés après même que toute trace en aurait disparu. D’autres travaux in vitro visant à expliquer l’éventuel mode d’action d’une solution extrêmement diluée sont régulièrement entrepris depuis l’affaire de la mémoire de l’eau, mais sans résultats définitivement acceptés.

Finalement, même en acceptant l’idée d’une éventuelle mémoire de l’eau ou d’une modification des propriétés chimico-physiques du solvant par le fait d’agiter fortement et longuement une solution, il faut constater que la grande majorité des préparations homéopathiques se prennent sous forme de granules.

Le fait que les granules, à base de sucre de canne ou d’un mélange de saccharose et de lactose, soient imprégnés par la préparation et puis séchés implique implicitement l’existence d’un transfert de la valeur thérapeutique du remède de la dilution dynamisée au sucre qui ne contient plus d’eau après séchage.

On peut se poser la question scientifique de savoir comment la dynamisation peut elle se transmettre aux molécules de sucre, être stockée dans le sucre sec puis être restituée lors de la dilution dans la salive du patient sous la langue pour pénétrer via les muqueuses de la bouche dans l’organisme à soigner ! Les granules dont le poids et la porosité sont soigneusement contrôlés sont absorbés par voie buccale et sublinguale (en laissant fondre sous la langue).

À ce sujet, Hahnemann lui-même remarquait dans un opuscule sur le traitement homéopathique de la scarlatine, que la prise de la préparation homéopathique avec du sucre la rendait inefficace :

« En général, il est incroyable combien ce médicament, de même que tout autre, perd de sa force lorsqu’on le fait prendre sur du sucre, par exemple, ou qu’après l’avoir instillé dans une liqueur, on ne remue pas celle-ci. Mais il ne faut pas non plus, après avoir remué la dose, la laisser plusieurs heures sans l’administrer : le véhicule, ainsi tranquille, subit toujours quelque peu de décomposition, ce qui affaiblit ou même détruit les médicaments végétaux mêlés avec lui. »

On constate que la pratique homéopathique moderne est bien éloignée des préconisations d’Hahnemann.

 

Similitude

Ce principe déjà cité par Hippocrate (Ve siècle av. J.-C.) a mené à quelques thérapeutiques connues et efficaces dont la quinine dans le traitement du paludisme.

On cite également souvent la vaccination (où on administre un agent infectieux afin d’apprendre au corps à se défendre). Cette découverte n’était cependant pas fondée sur un principe de similitude ; elle résultait d’une observation : la résistance à la variole des garçons et filles de ferme, exposés à une maladie bovine. Il n’existait pas encore alors de théorie sous-jacente.

De plus, la vaccination et le médicament homéopathique diffèrent sur des points notables :

  • le vaccin relève de la prophylaxie (immunité active) en entraînant le système à se défendre contre un mal futur, alors que le médicament homéopathique est souvent utilisé en thérapie, une fois que le mal s’est installé ; un contre-exemple bien connu est cependant la vaccination antirabique, qui a lieu après la contamination (mais avant que celle-ci ne gagne les centres nerveux).
  • Le vaccin est appliqué de manière identique à tout un chacun, et non de façon adaptée à tel ou tel patient ; celui-ci, d’ailleurs, n’étant pas en général malade, ne présente pas non plus de symptôme spécifique qui guiderait le médecin qui suivrait le principe homéopathique d’adaptation du traitement au patient.
  • Différence de nature du produit actif : la vaccination utilise des produits liés à la cause de la maladie (microbes ou virus désactivés ou partie reconnaissable par le système immunitaire) ; l’homéopathie utilise un produit produisant le même type de symptôme sur le patient ;
  • Différence de dose : l’efficacité du vaccin peut varier d’un individu à un autre, mais la dose est calibrée pour provoquer une réaction adéquate du système immunitaire sur la plupart des vaccinés ; le produit homéopathique est, lui, administré en une quantité généralement bien plus faible, censée influencer fortement l’efficacité.
  • Le mécanisme d’action de la vaccination est connu, et non celui de l’homéopathie ; cependant, la vaccination fut utilisée bien avant qu’une quelconque théorie des agents infectieux ne fût développée.

L’homéopathie fut formulée à une époque où l’on ne comprenait pas pourquoi la vaccination avait un effet, et dans ce cadre, les propositions d’Hahnemann avaient un sens qu’elles ont perdu depuis. Voir aussi l’article Culte du cargo.

Au cours du XXe siècle, on élucida le mode d’action de toutes les thérapeutiques rappelant le principe des semblables; l’homéopathie resta mystérieuse, en partie parce que son action n’était pas elle-même évidente. Le hasard ou une observation attentive ont pu se montrer plus féconds que le principe des semblables.

Il convient aussi de souligner que ce principe, pourtant une des pierres angulaires de l’homéopathie, n’est pas respecté par bon nombre de médicaments homéopathiques. Par exemple, mercurius, une dilution de mercure (en supposant qu’une telle dilution soit possible, le mercure étant insoluble dans l’eau ou l’alcool), est recommandé pour le traitement de problèmes buccaux et dentaires. Or, le mercure, dont la toxicologie est bien connu, ne cause pas les symptômes dont on lui attribue le traitement. Ce médicament ne respecte donc pas le principe de similitude.

 

Politique économique

La France, comme la plupart des pays développés à l’exception des États-Unis (où l’homéopathie a d’ailleurs presque totalement disparue) possède un système public et obligatoire d’assurance-maladie, financé en partie par la CSG et en partie par les cotisations assises sur le travail (alors qu’il est financé par l’impôt dans la majorité des pays européens) ; l’évaluation de l’efficacité des médicaments pris en charge par la collectivité y est très en retard par rapport aux autres pays développés : avec la Belgique, elle est le seul pays développé où les médicaments homéopathiques sont encore remboursés par la collectivité, en dépit du fait que l’Académie de Médecine, constatant qu’aucune étude clinique n’a pu prouver une quelconque efficacité de l’homéopathie et qu’aucun test en double aveugle n’a été accompli, a demandé le 7 septembre 2004 l’arrêt du remboursement des médicaments homéopathiques, reprenant ainsi les conclusions de 11 avis successifs de la Commission de la Transparence du Médicament et celui de la Cour des Comptes.

Qui plus est, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Grèce, en Finlande, aux Pays-Bas, il n’est pas nécessaire d’être médecin pour exercer l’homéopathie ; en Suède, cette activité est formellement interdite aux médecins.

Il est à noter qu’en France l’activité est florissante : Boiron est la 116e plus grande fortune, et Pierre Fabre, second actionnaire des laboratoires Boiron, la 17e fortune de France.