Lithographie
Exemple de lithographie: le Château de Chillon avec les Dents du Midi en arrière plan, entre 1890 et 1905
Inventée par Aloys Senefelder en 1796 en Allemagne, la lithographie (du grec lithos, pierre et graphein, écrire) est une technique d’impression qui permet la création et la reproduction à de multiples exemplaires d’un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire.
Le terme est aujourd’hui également employé en microélectronique.
La lithographie
Histoire
La lithographie a été introduite en France en grande partie grâce, d’une part, à Louis-François Lejeune qui la découvrit dans l’atelier de Senefelder lors des guerres de l’Empire et, d’autre part, au neveu de ce dernier, Édouard Knecht, installé à Paris dès 1818[1]. Elle devint très populaire vers le milieu du XIXè siècle[2], notamment lorsque les gravures sur bois de l’imagerie d’Épinal cèdèrent la place aux lithogravures[3], grâce au procédé de la chromolithographie de Godefroy Engelmann, qui donnera le terme rapidement péjoratif de chromo. La réclame eut recours à lui pour produire des images à collectionner, des calendriers ou des chromos. Meilleur marché que la peinture, elle sert également aux reproductions d’œuvres peintes, intéressant des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec[4].
Technique
Impression
à gauche, la pierre, à droite, le papier imprimé
Exemple de lithographie : Portrait de Louis Agassiz
Une fois le tracé exécuté, la pierre est humidifiée pour l’impression; étant poreuse, la pierre calcaire retient l’eau. L’encre grasse est alors déposée au moyen d’un rouleau en caoutchouc. Elle reste sur la pierre aux endroits imprégnés du gras du dessin tandis qu’elle est repoussée par l’humidité partout ailleurs (répulsion de deux produits antagonistes). Lorsque la pierre est assez encrée, on pose le papier et on passe sous presse. La lithographie est dite impression à plat. Elle est à l’origine de la technique moderne de l’offset.
Elle est adaptée à la reproduction d’œuvres d’artistes au trait ou à la plume et à des tirages en quantité limitée.
Annotation
Ensuite la ou les pierres servent pour le tirage du nombre d’exemplaires de lithographies voulu. Le premier exemplaire est annoté BAT (pour bon à tirer) une fois que l’artiste est satisfait du résultat.
Les autres exemplaires sont numérotés sur le nombre total d’épreuves tirées, par exemple 25/100 pour le 25e tirage d’une lithographie tirée à 100 exemplaires. Avant d’être numeroté, chaque exemplaire est comparé au BAT et jugé en fonction de celui-ci. Il y a aussi des exemplaires annotés EA (épreuve d’artiste) et HC (hors commerce), réservés au graveur et à l’imprimeur.
Évaluation
La valeur d’une lithographie dépend du nombre d’exemplaires tirés (cela conditionne la rareté), de la cote de l’artiste et de l’implication de l’artiste lors du tirage.
Impression de timbres
La lithographie a parfois servi à imprimer des timbres dans les périodes de crise, pour faire face aux besoins urgents, ou sous fortes contraintes économiques. Le cas le plus connu est en France celui de l’émission de Bordeaux destinée, en 1870, à approvisionner les bureaux de poste de province isolés de Paris assiégée. Divers timbres de Colis Postaux ont également été émis selon cette technique, par exemple en France, en 1923, pour des timbres de livraison par express, ou en Algérie, de 1899 à 1927.
La lithographie a aussi été utilisée avec plus ou moins de succès par divers faussaires visant à tromper la Poste ou le Fisc, en imitant par ce moyen des timbres imprimés par d’autres procédés.
Microélectronique
Dans le domaine de la microélectronique et des microsystèmes, la lithographie désigne la technique permettant de structurer des couches minces de matériaux afin de créer des transistors, pistes, et autres composants. Elle est généralement basée sur l’insolation de fines couches de résines organiques par de la lumière (on parle alors de lithographie optique), des rayons X, ou par un faisceau d’électrons (lithographie électronique), puis sur leur révélation dans des solvants.
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