Pamphlet (Pamphlétaire) – Fiche métier

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Pamphlet (Pamphlétaire)

Pamphlet

Le pamphlet est un genre littéraire (et genre journalistique) ; il appartient à la littérature de combat. C’est un texte à la fois court et virulent qui remet en cause l’ordre établi. Il a beaucoup été utilisé dans la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe (de la Commune de Paris à la guerre d’Algérie) ; on lui préfère de nos jours la polémique ou la satire.

Le terme « pamphlet » apparaît de manière officielle en 1824 dans l’œuvre de Paul-Louis Courier : Le Pamphlet des pamphlets.

Il se caractérise le plus souvent par une critique du pouvoir en place. Le verbe est violent, le ton virulent, la forme courte et élancée. Le caractère explosif du pamphlet tient du fait que son auteur a l’impression de détenir à lui seul la vérité ; il jette un regard indigné sur le monde.

Le pamphlétaire doit rétablir le vrai sens des mots qui, selon lui, a été dépouillé. Il veut faire éclater une évidence (d’où une absence de nuance) ; pour cela, il use d’un discours maximaliste et hyperbolisé. Ainsi, il se repose sur une vision du monde catastrophique annonçant la mort de quelque chose (une notion, une valeur…). Le pamphlétaire n’utilise ni argument ni preuve, il recherche l’action immédiate.

Le pamphlet a pour but d’inciter le lecteur à agir en le poussant à l’indignation de vivre dans un « tel » monde.

 

Différences entre la polémique et la satire

  • La polémique engage un débat et suppose un discours adverse lacunaire. Le pamphlet est direct et se dit détenteur de la vérité, il s’oppose donc à toute présence de débat.
  • La satire s’appuie sur une rhétorique du mépris et cherche à faire rire  ; nullement l’intention du pamphlet dont le ton est grave. La satire va s’attacher à un fait en grossissant l’erreur pour montrer le gouffre avec la réalité. Le pamphlet s’attache à un cadre plus général, ne s’attachant pas à une preuve précise, il affirme ce qui est et ce qu’il faut combattre.

 

Explication de la notion de pamphlet

La relative incertitude qui entoure l’origine étymologique du substantif pamphlet fixe d’entrée la teneur du terrain de recherche sur lequel nous nous engageons et la réputation de ses occupants : une ancienneté obscure et des praticiens infréquentables.

Si la plupart des grands dictionnaires font dériver ce vocable du palme-feuillet anglais (feuillet qui se tient à la main), M. Gaston Paris rapporte, dans un article paru dans La Revue critique, une origine latine plus lointaine : Pamflette serait cité par Dirk van Asenede dans sa traduction néerlandaise de Pamphilus seu de Amore, sorte de comédie en vers latins du XIIe siècle. Saint-Laurent, dans le Dictionnaire encyclopédique usuel, découvre l’emploi par Sophocle, le plus célèbre des tragiques grecs, puis, quelques siècles plus tard, par le rhéteur et grammairien Athénée, de pamphlectos, issu de pan, tout, et de phlégô, brûler. La métaphore d’écrit incendiaire pour un texte pamphlétaire se justifie d’autant plus par cet éclairage.

Quelle que soit la thèse retenue, la définition actuelle la plus complète, prenant en compte les aspects temporel, intentionnel, stylistique et circonstanciel du pamphlet, nous est donnée par Yves Avril dans son article Le pamphlet : essai de définition et analyse de quelques-uns de ses procédés : « (…) écrit de circonstance, attaquant plus ou moins violemment, unilatéralement un individu, une idée ou un système idéologique dont l’écrivain révèle, sous la pression urgente et libératrice, l’imposture. »

 

Le pamphlet à travers les siècles

La pratique pamphlétaire semble remonter aux premières manifestations de l’écriture, comme le souligne Pierre Dominique dans l’avant-propos de son ouvrage Les polémistes français depuis 1789 : « Dès que les hommes surent écrire, naquit le pamphlet qui, sans doute, commença par le graffito injurieux et ordurier, et qui pouvait être illustré, la polémique orale suivant un chemin parallèle, d’où les pamphlets parlés, tels les Philippiques. »

Quel meilleur point de départ d’un panorama historique que les discours de Démosthène cherchant à galvaniser ses compatriotes pour engager le combat contre Philippe de Macédoine ? Les Philippiques ont un tel impact que l’écrivain latin Cicéron rassemblera ses Quatorze discours contre Marc Antoine sous cette appellation, comme un hommage (voir Les Philippiques (Cicéron)).

L’écrit de combat semble émaner d’un penchant humain à dénoncer, puis à stigmatiser telle société, tel individu, tel système, et à détruire, dans les propos, l’ennemi désigné. Ses manifestations aux temps de gloire des civilisations grecques et romaines témoignent, dans des contrées qui nous sont proches, d’une tradition à fustiger ce qui ne répond pas à ses propres critères, et participent à l’évolution sociale, culturelle et politique d’un groupe ou d’un pays. Ainsi le théâtre d’Aristophane, avec ses portraits de dieux peureux, avides et brutaux, avec ses railleries les plus violentes contre Athènes et ses habitants ; ainsi le philosophe cynique Ménippe de Gadara (IIIe siècle av. J.-C.), dont les attaques contre la société romaine ont inspiré les Satires Ménippées du latin Varron et la dénonciation, dans nombre d’œuvres de Lucien de Samosate, de la dureté des riches et de la jalousie des pauvres. On pourrait multiplier les noms d’hommes de lettres, de Rome ou d’Athènes, ayant pratiqué le genre satirique ou polémique, preuve d’une constante fondamentale dans notre civilisation occidentale.

Le pamphlet en France, quelle que soit la forme adoptée, depuis les fabliaux du Moyen Âge jusqu’aux innombrables brûlots révolutionnaires, s’accole aux soubresauts de l’histoire et révèle la situation intellectuelle et sociale du pays, ainsi que la marge laissée au droit d’expression.

La Satire Ménippée (1594), œuvre collective de juristes, d’ecclésiatiques et de poètes, née sous l’impulsion du chanoine rouennais Pierre Le Roy, s’associe très étroitement à la période troublée de la Ligue, et demeure un exemple d’efficacité dans son soutien à Henri IV. Ce n’est certes pas la première œuvre polémique en France. De grandes plumes s’étaient déjà distinguées dans le genre, comme Alain Chartier avec son Quadrilogue invectif (1422), appel vibrant à la Nation française. Montaigne, lui aussi, s’est adonné à la violence littéraire dans L’Apologie de Raymond Sebond, premier article de ses Essais : « La plus calamiteuse et fragile de toutes les créatures, c’est l’homme (…). Elle se sent et se voit logée parmi la bourbe et le fient du monde, attachée et clouée à la pire, plus morte et croupie partie de l’Univers (…). »

D’autres monuments de la littérature du XVIe siècle n’ont pas manqué de tremper leur plume dans le vitriol (Calvin, La Boétie, et Rabelais par exemple).

Le XVIIe siècle assiste au développement du genre pamphlétaire en tous domaines (politique, poésie, religion, théâtre). Nous pouvons noter, par exemple, l’attaque de Mathurin Régnier contre Malherbe, qualifié de « tyran des lettres », les chansonniers et leurs mazarinades sous la Fronde, les coups de joute entre frondeurs tel le pastiche du cardinal de Retz intitulé Manifeste de Monseigneur le duc de Beaufort en son jargon.

Le règne de Louis XIV ne met pas le pamphlet en berne, comme en témoignent les éreintements de Boileau, les pièces satiriques de Molière et les Provinciales de Pascal.

L’aigreur du XVIIIe siècle se manifeste par exemple dans les satires indirectes d’un Voltaire. Les chansonniers, toujours actifs, font des maîtresses de Louis XV puis de Marie-Antoinette leurs têtes de turc.

À la fin du règne de Louis XVI, les libelles insultants ou obscènes se multiplient. Le coup d’envoi est donné par Mirabeau, en mai 1789, avec le Journal des États généraux, suivi de nombreuses feuilles qui rivalisent de violence. Le summum est atteint avec Le Père Duchesne d’Hébert : il entrecoupe ses appels au massacre de « bougre » et de « foutre », pour « faire peuple ». Le succès est au rendez-vous de la virulence, puisque certains numéros atteignent le chiffre prodigieux de 600 000 exemplaires vendus. Parmi les autres feuilles révolutionnaires au ton meurtrier, on peut relever Les Révolutions de France et de Brabant de Camille Desmoulins qui se surnommait le « Procureur de la Lanterne ». Marat, dans L’Ami du Peuple, pousse lui la surenchère jusqu’à réclamer la tête de 270 000 âmes. Côté royaliste nous pouvons relever le Journal politique national de Rivarol qui doit s’exiler en juin 1792.

Face à une telle permissivité, Bonaparte fait édicter le décret du 17 janvier 1800 qui soumet toute parution de presse à une autorisation préalable. Seuls treize journaux obtiennent le privilège. L’empereur n’échappe pourtant pas aux foudres de plumes acérées, et parmi celles-ci, sans doute la plus talentueuse, celle de Chateaubriand :

« Tibère ne s’est jamais joué à ce point de l’espèce humaine… Buonaparte disait de lui-même : « J’ai 300 000 hommes de revenu. » Il a fait périr plus de cinq millions de Français, ce qui surpasse le nombre de ceux que nos guerres civiles ont enlevés en trois siècles… Descends de ce monceau de ruines dont tu avais fait un trône ! »

Nous pourrions multiplier les noms d’auteurs importants ayant abordé la littérature pamphlétaire durant le XIXe et la première moitié du XXe siècle : Jules Barbey d’Aurevilly, Maurice Barrès, Robert Brasillach, Paul-Louis Courier, Georges Darien, Jean Galtier-Boissière, Rémy de Gourmont, Victor Hugo, Paul Léautaud, Michel-Georges Micberth, Roger Nimier, Lucien Rebatet, Jules Vallès, Émile Zola, etc. (voir liste plus bas).

L’histoire démontre que le pamphlet, quoique toujours négligé dans son étude en France, s’est manifesté chez les plus grandes plumes comme un moyen de réaction et d’expression de leur révolte. Les critiques contre ce genre d’écrit, et les moyens mis en œuvre pour le faire disparaître, ou pour le cantonner à la verdeur de bon aloi, demeurent toutefois vigoureux. Marc Angenot, dans son ouvrage critique très fouillé sur la mécanique du pamphlet et les intentions du polémiste (La Parole pamphlétaire, 1982), souligne le paradoxe de la situation de cet écrivain de combat : « (…) le pamphlétaire est porteur d’une vérité à ses yeux aveuglante, telle qu’elle devrait de toute évidence imprégner le champ où il prétend agir – et pourtant il se trouve seul à la défendre et refoulé sur les marges par un inexplicable scandale. »

Les accusations portées contre ce mode d’expression restent d’actualité : absence de portée due à une violence excessive, imbrication à l’actualité qui vieillirait très vite le contenu, mauvaise foi comme fondement de la démarche.

À ces attaques intellectuelles s’ajoutent l’arsenal juridique, qui tend à brider les élans d’indignation, et les pressions économiques qui s’exercent sur les éditeurs.

Dans son « Anthologie du pamphlet de la Libération à nos jours » (août-septembre 1973), Le Crapouillot, « magazine non-conformiste » selon sa propre définition, s’inquiète de l’avenir du genre pamphlétaire : « Aujourd’hui, (…) non seulement les plumes s’alanguissent dans un conformisme douillet et sans histoire, mais celles qui refusent le ronronnement de bonne compagnie, celles qui veulent demeurer acérées pour mieux atteindre leur cible, se voient impitoyablement traquées, traduites devant les tribunaux et condamnées. Outrage à ceci… offense à cela…, et voilà le pamphlet ficelé, étranglé par le code ! »

Ce constat est confirmé dix ans plus tard dans une nouvelle anthologie de ce magazine : « L’écriture est de plus en plus aseptisée, les plumes se trempent de plus en plus dans la poussière et de moins en moins dans le vitriol. »

Pourtant le genre pamphlétaire subsiste, comme une nécessité vitale.


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